Il vous parle de ses investissements dans des start ups de la Sillicon Valley avec la même passion discrète qu’il met à raconter ses aventures au bout du monde. D’ordinaire, un capital-risqueur (venture capitalist) n’a guère de cicatrices à montrer. Mais ces jours-ci, les mains de Luc Hardy portent encore les traces de son dernier voyage, en avril: quelques engelures contractées pour avoir enlevé ses gants et prendre des photos de son arrivée au Pôle Nord. « C’était sans doute l’expédition la plus difficile physiquement que j’ai jamais faite », explique-t-il. Près de 250 kilomètres à pied, depuis la base russe de Barneo, par des températures de -45° C, accompagné d’un guide professionnel et de quatre autres compagnons dont un adolescent de 16 ans. Et tout ça pour quoi? « Pour voir le Pôle, cet endroit magique, mythique ».
Luc Hardy n’en était pas à son coup d’essai. « Aventurier amateur » depuis des années, il est allé dans tous les endroits lointains et inhabités qu’il a pu trouver. Mais il y a une dizaine d’année, sa quête a pris une dimension supplémentaire. D’abord avec l’équipe Cousteau, puis désormais avec Green Cross International, (l’ONG fondée par Michael Gorbatchev et dont Luc Hardy est le secrétaire général pour la France) il utilise ses voyages pour sensibiliser le monde, et d’abord la jeunesse, à l’état de la planète. « On n’est pas là pour pleurer, se lamenter, mais pour dire ce qui se passe“. Et ce qui se passe, il l’a vu dans cette dernière expédition au Pôle: « on a vu des changements dans la période de reproduction des oiseaux, on a mesuré l’épaisseur des glaciers et vu à quel point la fonte est rapide. Dans vingt ou trente ans, on ne pourra même plus marcher au Pôle Nord en été, car il n’y aura plus de glace ! »
L’aventure a un prix : jusqu’à 200.000 dollars pour une expédition dans l’Arctique… Luc Hardy trouve des sponsors, mais il en est à chaque fois de sa poche. « Finalement, c’est ça le lien entre mon activité professionnelle et les expéditions : l’une finance les autres ». Pour le reste, contrairement à d’autres venture capitalists avec une conscience verte, qui investissent massivement dans les énergies alternatives par exemple, lui se méfie du mélange des genres. « Je ne veux pas faire de business pour de mauvaises raisons vertes ».
Ses investissements sont orientés principalement vers l’internet. Sa société Sagax est actionnaire d’une trentaine de petites sociétés, à des stades plus ou moins avancés de développement (Totsy, Producteev ou encore Lending Club, un site d’emprunts entre particuliers, qui a levé 55 millions de dollars d’investissement). Dans la majorité des cas « ces sociétés ont un ADN français, soit parce que la société est à l’origine française, soit parce que le créateur est français », souligne Luc Hardy. Basé à Greenwich (CT), où il habite avec sa femme Mary et leurs deux filles, ce Breton reste « passionnément attaché à la France », même s’il habite aux États-Unis depuis 28 ans.
La prochaine aventure de Luc Hardy n’implique pas de voyage. Mais la nature est encore au cœur du projet. Il s’agit d’importer à New York Nature Capitale, cette spectaculaire « œuvre végétale » conçue par Gad Weill, qui avait l’an dernier transformé les Champs Elysées en champs immenses. Les discussions ont commencé avec la ville de New York. Réponse définitive à la fin du mois, mais si l’obstiné aventurier parvient à ses fins, Times Square aura pendant le week-end de Memorial Day 2012 des allures de champs fleuri.
Retrouver le récit de l’expédition polaire de Luc Hardy.
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