Il y a un an, tous les feux étaient au rouge. C’est peu de dire que l’humeur a depuis bien changé chez les pétroliers. Avec un baril de Brent solidement installé au-dessus de 70 dollars et une demande en forte hausse, l’or noir est revenu aux niveaux de janvier 2020, lorsque Covid-19 ne disait rien à personne.
Et pour les experts ce n’est qu’un début: ils estiment que la consommation mondiale devrait encore pendant l’été. « Les signes sont encourageants. En premier lieu celui donné par les pays producteurs emmenés par l’Arabie Saoudite et la Russie qui ont décidé d’alléger leurs coupes de production d’or noir. Le volume de 350 000 barils par jour pour le moment devrait bondir à plus de 440 000 barils en juillet. C’est une surprise pour les observateurs qui misaient sur une stagnation des coupes actuelles », explique Jean Cahuzac président d’Evolen, organisation professionnelle du secteur en France. A cette bonne nouvelle s’ajoute celle des campagnes de vaccinations qui s’intensifient un peu partout et avec elles le fameux retour « à la normale ».
Au Texas, centre mondial de l’industrie pétrolière les groupes pétroliers français reprennent des couleurs. Le géant Total a vu son bénéfice net bondir à 3,3 milliards de dollars pour le premier trimestre (+69%), supérieur à celui équivalent en 2019. Devenu TotalEnergies pour souligner son engagement dans les énergies renouvelables, le groupe français n’en continue pas moins à tirer l’essentiel de ses profits du bon vieux pétrole. Mais il accélère sa diversifcation aux Etats-Unis, avec l’acquisition auprès de SunChase Power et de MAP RE/ES au Texas, d’un portefeuille de 2,2 gigawatts de projets solaires (600 MW de projets de stockage par batterie tous situés au Texas).
De son côté, le spécialiste du tube en acier, Vallourec a relevé nettement ses objectifs 2021 et vise désormais un excédent brut d’exploitation aux alentour de 400 millions d’euros. « Ce relèvement d’objectif s’explique par le rétablissement de perspectives significatives sur certains des marchés sur lesquels il opère, notamment en Amérique du Nord », détaille Thomas Rillart chez EdwardJones. Technip Energies a lui fait part d’une forte performance au 1er trimestre, marqué à la fois par un chiffre d’affaires « robuste » et une amélioration de sa marge. Son ex-partenaire TechnipFMC bénéficie du soutien d’une étude plus que favorable de JPMorgan qui en fait l’une de ses meilleures idées d’investissement (top ideas) pour 2021. Le groupe d’ingénierie franco-américain dit avoir enregistré un flux de trésorerie lié aux activités d’exploitation de 182 millions de dollars sur le premier trimestre. L’horizon s’éclaircit pour celui dont la branche d’équipements sous-marins (subsea) a enregistré un doublement des commandes pour atteindre 1,5 milliards de dollars.
Le colosse texan Schlumberger, dirigé par le français Olivier Le Peuch a finalisé l’apport de son activité de fracturation hydraulique sur terre ferme aux États-Unis et au Canada au groupe de services sur champs pétroliers Liberty. Cette transaction met Schlumberger en position de bénéficier de la forte reprise déjà sur les rails dans l’activité de schiste nord-américaine, selon Olivier Le Peuch qui en attend la réalisation de synergies. Si CGG affiche encore des résultats en baisse, le spécialiste des services et des équipements géophysiques pour le secteur pétrolier manifeste néanmoins un certain optimisme face à la reprise actuel des marchés. « Avec un prix du baril au-delà de 60 dollars, nous avons constaté au mois de mars une reprise de l’activité commerciale et l’attribution de nouveaux contrats, ce qui nous donne confiance dans l’atteinte de nos objectifs financiers 2021», explique Sophie Zurquiah directrice générale du groupe.
Tous les intervenants français se retrouveront durant 4 jours, du 16 au 19 août, à Houston, à la plus grande foire commerciale du pétrole et du gaz au monde (Offshore Technology Conference, OTC) pour discuter entre autre de l’avenir du paysage pétrolier au Texas.