À l’occasion des trente ans de la disparition de Robert Mapplethorpe, le Guggenheim consacre, à partir du 25 janvier, une exposition d’un an au photographe américain. Ce large éventail du travail du photographe, couvrant toutes les périodes de sa carrière, constitue la première partie de l’exposition intitulée “Implicit tensions : Mapplethorpe now”. La seconde, consacrée à son impact sur la nouvelle génération d’artistes, débutera le 24 juillet.
Mapplethorpe était un artiste acclamé et controversé. Ses oeuvres sont créditées pour avoir chamboulé la photographie contemporaine. “C’est une icône, il a inspiré des changements profonds dans la culture américaine, explique Lauren Hinkson, co-curatrice de l’événement. Cette exposition est l’occasion de découvrir cet homme qui était habité par une quête de perfection.”
Perfection technique de clichés auxquels aucun détail n’échappe : il suffit d’observer le grain de peau des sujets photographiés ou les bourgeons de fleurs dans des natures mortes pour avoir la sensation de les toucher. Mais aussi perfection des corps, à l’image de ces silhouettes d’hommes que l’on prendrait pour des statues grecques. Ou encore de ce portrait d’Arnold Schwarzenegger, visage poupon trônant sur un corps body-buildé. “Si j’étais né un ou deux siècles plus tôt, j’aurais peut-être été sculpteur”, avait déclaré l’artiste.
Rien ne prédestinait le jeune Mapplethorpe, étudiant en peinture et sculpture, à devenir photographe. Mais en 1970, on lui met un Polaroid dans les mains. Il commence alors à faire des portraits de lui et de la chanteuse Patti Smith, dont il fut l’ami et un temps l’amant. “La photographie est une manière très rapide de voir, de faire de la sculpture”, disait l’intéressé à propos cet art, qui n’était alors pas considéré comme noble.
Provocateur
Au cours de sa courte mais prolifique carrière (il mourut du sida en 1989), Robert Mapplethorpe devint l’un des artistes les plus controversés et provocateurs de son temps. Ouvertement gay, il a photographié de manière crue pénis, actes sadomasochistes et scènes d’amour homosexuels, dont certains clichés faisaient directement référence à la religion chrétienne.
Surtout, Robert Mapplethorpe n’a eu de cesse de questionner la notion de genre et les codes sociaux qui l’entoure. Sur les murs du Guggenheim, il se met en scène à travers l’objectif, tantôt viril, clope au bec, veste de cuir et coupe de cheveux de rockeur, tantôt féminin, visage maquillé, cheveux permanentés et vêtu de fourrure.