L’hôpital d’Ellis Island – Ellis Island Immigrant Hospital –, tout le monde en a entendu parler. Les livres d’histoire sont remplis d’anecdotes tragiques sur ce lieu abandonné depuis près de 60 ans. Mais on ne sait pas forcément qu’on peut le visiter.
Des vitres cassées, des pièces pleines de poussière d’une poésie sans nom, une vieille machine à laver, un stérilisateur rouillé, des couloirs vitrés délabrés mais ultra graphiques, c’est si rare de voir à New York de tels décors. Le tout avec une vue époustouflante sur l’océan, la Statue de la Liberté et, derrière, la Skyline. On prend une bonne claque.
Et bien sûr, cerise sur le gâteau, ou but caché de la visite, l’expo « Unframed – Ellis Island » de notre JR national, artiste et photographe français connu pour ses portraits en noir et blanc à grande échelle. Il a exposé son travail dans des galeries et des musées du monde entier et s’intéresse particulièrement aux questions liées à l’identité, à la communauté et à la justice sociale.
Tout en discrétion et en douceur, mais avec une puissance folle, JR a su enchanter ce lieu chargé d’histoire, premier hôpital de santé publique de la ville ouvert en 1902 et qui servait de centre de détention pour les nouveaux-arrivés jugés inaptes à entrer aux États-Unis. Avec des photos d’immigrants disséminées, sur un mur, au dessus d’un lavabo, sur une vitre cassée ou encore dans un escalier, l’artiste ajoute de l’émotion à l’histoire.
L’organisation Save Ellis Island a instauré des visites guidées, « Hard Hat Tour », dans le but de collecter des fonds pour permettre de maintenir en état, voire restaurer les bâtiments. Point de départ : Battery Park d’où vous prenez un ferry pour vous rendre sur Ellis Island et vous aurez 90 minutes de visite guidée au cœur des anciens bâtiments de l’hôpital. Émotion garantie. Billets ici. Attention, les enfants ne sont admis qu’à partir de l’âge de 13 ans.
Et puisqu’on parle de JR, ne ratez pas « Les enfants d’Ouranos » – vernissage ce vendredi 3 mars, de 12pm à 8pm – à la galerie Perrotin. Cette exposition s’appuie sur « Déplacé-e-s », une série de projets qui partage les histoires d’enfants réfugiés du monde entier, en Ukraine, au Rwanda, en Mauritanie, en Grèce et en Colombie. Les négatifs de chaque photographie sont transférés sur du bois récupéré et renforcés avec de l’encre noire pour accentuer le contrastes : les enfants deviennent ainsi des silhouettes lumineuses. On n’en sait pas plus pour l’instant. L’exposition dure jusqu’au 14 avril, au 3ème étage de la galerie Perrotin, 130 Orchard St, dans Lower East Side.