Maria Anna Mozart alias « Nannerl », ou une femme qui vécut dans l’ombre de son génie de frère. Son histoire, le réalisateur René Féret la retrace dans le film “Nannerl, la soeur de Mozart” (« Mozart’s sister »). Il y évoque les trois années pendant lesquelles Léopold Mozart et sa femme mènent leurs deux enfants prodiges sur les routes d’Europe pour les présenter à toutes les Cours royales. Alors que le jeune Wolfgang jouait le violon, sa sœur aînée l’accompagnait au clavecin et au chant.
“A cette époque la sœur et le frère étaient présentés au public comme deux stars. Après, Nannerl a disparu, elle a été effacée de l’Histoire“, raconte René Féret. Entre fiction et réalité, le réalisateur rend ainsi hommage dans son film à cette femme alors adolescente qui rêve de succès sans pouvoir y prétendre au seul motif qu’elle est une fille.
A l’évidence, son père préfère son frère. Dans ce long-métrage, René Féret lui permet d’accéder à son heure de gloire en inventant une liaison amoureuse avec le Dauphin de France, fils de Louis XV. Ce dernier lui demande de composer des morceaux pour lui. Le réalisateur a fait appel à une compositrice pour écrire ces musiques qui auraient pu être jouées ou composées par Nannerl. “Rien ne prouve qu’elle n’ait rien composé“, souligne le réalisateur qui s’est beaucoup documenté pour écrire cette fresque historique.
Il a tout d’abord lu la correspondance que Léopold, le père entretenait avec son propriétaire qui finançait en partie cette tournée européenne. René Féret s’est ensuite rendu en Autriche où il a pu visiter la maison des Mozart. “J’ai vu à Salzbourg les deux habitations qui sont devenues des musées, il y a vraiment les meubles de l’époque, la petite chambre de Nannerl. D’un seul coup, j’ai vu la famille“, explique le réalisateur.
Comme les Mozart, René Féret travaille en famille avec sa femme au montage, son fils premier assistant et ses filles actrices. Ainsi Marie Féret, 15 ans, incarne-t-elle Nannerl. “Je l’ai tout de suite vue dans ce rôle et elle avait été bonne dans “Il a suffit que maman s’en aille”. C’était un pari quand même.” Son autre fille de 14 ans, Lisa endosse le rôle de Louise de France qui devient amie avec Nannerl mais est vouée à la vie en couvent. “J’ai déjà fait pas mal de films sur l’histoire de ma famille mais c’est vrai que la relation père-enfant est d’autant plus proche pour moi que j’ai un fils de 34 ans et ces deux filles de 15 et 14 ans. Dans les 10-15 dernières années, j’ai reconstruit une relation père-enfant et ça me passionne”.
Ce film pourrait lui porter à nouveau chance aux Etats-Unis où il a déjà vendu deux films, “La communion solennelle”, sélectionnée à Cannes en 1977 et “Le mystère Alexina”, l’histoire d’un hermaphrodite qui vécu au XIXe siècle.
René Féret n’est pas venu à New York depuis 15 ans et retrouve toujours avec autant de plaisir La Grosse Pomme. Une ville qui a beaucoup changé, selon lui, après les attentats du 11-Septembre. “Je trouve que New York s’est humanisée. Il y avait une espèce d’arrogance, un côté ‘pousse toi de là, laisse moi tracer ma ligne sur le trottoir, j’ai trop à faire, on n’est pas là pour s’amuser’. Et là, j’ai senti des gens plus modestes, plus humains.”
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