C’est un aspect méconnu de l’histoire de la communauté française de New York. À l’éclatement de la Première et Seconde Guerre mondiale, de nombreux Français de la ville ont répondu à l’appel et sont retournés en France pour prendre les armes.
Aujourd’hui, deux associations tentent de raviver leur mémoire en cherchant des fonds pour financer la pose de plusieurs plaques portant leurs noms dans l’enceinte de l’église Notre-Dame, paroisse francophone de Morningside Heights. Pendant des décennies, ces plaques étaient placées à l’église Saint-Vincent de Paul, fermée depuis 2013 sur décision de l’archevêché de New York. Ce dernier les a ensuite acheminées vers un espace de stockage à Staten Island, où elles se trouvent depuis.
“Il ne faut pas oublier que ces Français volontaires sont partis avant l’entrée en guerre des Etats-Unis. Ils étaient au chaud à New York et ont tout quitté“, rappelle Alain Dupuis, président de la Fédération des Anciens Combattants.
“C’est le monument aux morts français de New York. Rien n’obligeait ces Français à répondre à l’appel. La gendarmerie n’allait pas venir les chercher de force, renchérit Jean Lachaud, président de l’American Society of le Souvenir Français, l’autre association impliquée dans l’initiative. Quelques jours après la déclaration de guerre de 1914, déjà, certains Français étaient partis rejoindre leur lieu d’affectation, prenant le bateau à leurs frais, laissant derrière eux femmes et enfants. C’est important de rappeler que les Français de l’étranger sont patriotes et le sont encore“.
Quatre centre soixante treize patronymes sont gravés en lettres d’or sur ces plaques. Outre le noms des volontaires français, on y trouve ceux des pilotes essentiellement américains de l’Esquadrille Lafayette et des personnels soignants de l’American Field Service, morts pour la France pendant les deux guerres. Les noms de pilotes français envoyés aux Etats-Unis en 1943 pour s’entraîner, et qui ont perdu la vie lors de leur formation, y figurent aussi.
Ces plaques commémoratives ont été posées en 1928 lors d’une vague de création de monuments aux morts pendant l’Entre Deux Guerres, explique Jean Lachaud. Elles ont été rénovées en 1992.
L’American Society of le Souvenir Français et la Fédération des Anciens Combattants cherchent à lever quelque 34 000 dollars pour couvrir l’acheminement des plaques et les travaux liés à leur pose à Notre-Dame. Les deux associations doivent travailler avec une entreprise de construction agréée par l’archevêché, ce qui rend difficile toute négociation sur la facture finale. “Les plaques sont très très lourdes. Rien que pour les transporter, il faut utiliser un camion spécial équipé d’une grue. Cela coûte 2.000 dollars. À Notre-Dame, il faut abattre un mur, en installer un plus épais pour y apposer les plaques, le repeindre et mettre des lumières. Les 34 000 dollars couvrent l’ensemble des opérations“, détaille Alain Dupuis. Selon lui, la moitié de la somme a été réunie.
Jean Lachaud espère que les plaques gagneront leur nouveau domicile à temps pour les commémorations du centenaire de l’entrée en guerre américaine en avril. “Il faut persévérer, ajoute Alain Dupuis. Ils nous remercieront de là-haut“.