Le 10 février 2003, alors que la France vient de refuser de se joindre aux États-Unis dans sa guerre en Irak, le New York Post publie un article intitulé « How Dare the French Forget ? » (« Comment les Français ont-ils osé oublier ? »). L’article, révélateur du sentiment de trahison éprouvé par beaucoup d’Américains, invectivait la France qui, en refusant de s’engager aux côtés des Etats-Unis lors de la guerre, faisait preuve d’ingratitude. Pire encore, pour le tabloïd, la France n’avait « rien appris » de l’histoire : «Ces gamins sont morts pour sauver les Français d’un tyran nommé Adolf Hitler. Et maintenant, alors que de nouveaux enfants Américains sont prêts à se battre et à sauver le monde de Saddam Hussein, un tyran tout aussi mauvais, où sont les Français ? ».
Choqués par cet article, et le “french bashing” qui règne alors, un groupe de Français vivant aux Etats-Unis décide de créer l’association «The French Will Never Forget» . Parmi eux Patrick du Tertre, né, comme les autres co-fondateurs, après la Seconde Guerre Mondiale. «J’ai été bercé toute mon enfance par les récits de la guerre, de ce que nous avons souffert ; j’ai grandi dans une ambiance de gratitude vis-à-vis des Américains, à qui nous devions cette libération en grande partie ».
La première opération menée par cette association, a été de déposer des roses sur les tombes des soldats américains morts au combat. L’opération – survenue au fort de la brouille franco-américaine – a été très médiatisée. La suivante, une chaine humaine à Omaha Beach, a eu beaucoup moins de succès. Les co-fondateurs de l’association se sont alors rendus compte, explique Patrick du Tertre, «que l’information ne dépendait plus des grands médias. Et effectivement, on est devenus viral sur le web : notre film a été repris par une cinquantaine de sites et des dizaines de milliers de blogs. On s’est rendus compte que l’on avait vraiment un impact ».
Si les relations franco-américaines se sont bien détendues depuis 2003, l’association ne continue pas moins de rappeler que les Français sont les alliés des États-Unis : «Cette année, nous nous sommes un peu éloignés de la Deuxième Guerre mondiale, mais c’est peut-être là l’occasion de dire à nos amis américains que nous partageons leur peine, que nous sommes dans le même combat contre le terrorisme», explique Patrick du Tertre.
L’idée centrale du nouveau projet consiste à ériger le 11 Septembre 2011 une reproduction visuelle des deux tours du World Trade Center devant le parvis du Palais de Chaillot. Les tours mesureront environ 28 mètres de hauteur et seront créées grâce à un échafaudage revêtu d’une bâche blanche. La position est évidemment stratégique : la Tour Eiffel sera cadrée en perspective entre les deux tours.
Le projet est encore en construction: l’association cherche toujours de l’argent –même si déjà deux tiers des fonds nécessaires pour ce projet très coûteux ont déjà été récoltés. Sur l’une des tours seront marqués les noms des victimes de l’attentat du 11 Septembre ; sur l’autre, les messages que voudront y laisser les passants.