Impossible d’y échapper. Les “midterms” approchent. Elles auront lieu le mardi 6 novembre à travers le pays. French Morning vous explique le pourquoi du comment de ces élections de mi-mandat.
On vote pour quoi et pour qui ?
Les “midterms” sont une élection à plusieurs niveaux. Le 6 novembre (et avant avec le vote anticipé), les Américains renouvelleront l’intégralité de la Chambre des représentants et le tiers du Sénat, les deux chambres du Congrès chargées d’établir les lois fédérales. Ils voteront également pour certains gouverneurs (le chef de l’exécutif des Etats), des parlementaires d’Etat et des élus locaux, dont les juges et les shérifs. Il se prononceront enfin sur des questions référendaires.
Parmi les 157 référendums, certains seront particulièrement scrutés comme la question de l’avortement en Alabama, en Oregon et en Virginie occidentale, ou le début de la légalisation de la marijuana dans le Midwest, avec le Michigan et le Dakota du Nord.
Dans ce scrutin “mille-feuille”, l’élection au Congrès est particulièrement suivie. Pour rappel, le parlement américain est composé de deux chambres: le Sénat, composé de 100 membres (deux par Etat) élus pour six ans, et la Chambre des représentants (435 membres, répartis proportionnellement à la population des Etats), élus pour deux ans. Cette dernière est l’équivalent de l’Assemblée nationale.
Pourquoi est-ce important ?
Les “midterms” sont un véritable aperçu de l’humeur du pays deux ans après l’élection présidentielle. Les démocrates, minoritaires dans les deux chambres, veulent reconquérir leur majorité pour pouvoir agir comme un contre-poids législatif à Donald Trump.
Ils pourront aussi utiliser ce pouvoir retrouvé pour diligenter des enquêtes sur plusieurs dossiers impliquant le locataire de la Maison-Blanche et son administration (conflits d’intérêts, ingérence russe, la fiche d’impôts de Donald Trump) et ainsi parasiter sa seconde moitié de mandat. Ils seront également en mesure de commencer une procédure de destitution (même si le parti est divisé sur la question). Celle-ci aurait peu de chance d’aboutir car une super-majorité des deux-tiers est requise au Sénat pour une destitution.
Pour les républicains, l’élection servira à jauger la popularité du trumpisme à mi-mandat et l’efficacité de leur stratégie de faire bloc derrière Trump.
Les élections au niveau des Etats (Parlements et gouvernorats) ne doivent pas être négligées non plus. Dans le système fédéral américain, les Etats fédérés ont de larges pouvoirs en termes d’infrastructures, de santé et de fiscalité notamment.
De combien de sièges les démocrates ont-ils besoin ?
A la Chambre des représentants, ils ont actuellement 194 sièges. Ils ont besoin de conserver le même nombre de sièges et d’en faire basculer 25 dans leur escarcelle pour reconquérir la chambre basse.
Au Sénat, où ils détiennent 49 sièges contre 51 pour les républicains, ils doivent conserver leurs 26 sièges sur les 35 en jeu et en arracher deux aux républicains. Même si l’écart est réduit, la tâche sera plus difficile car nombre de ces sièges penchent du côté républicain.
Qui sont les candidat.e.s à suivre ?
Les élections de cette année se caractérisent par la présence de nombreux candidats issus de minorités. Un nombre record de femmes se présente aussi pour la première fois. Parmi elles, la New-Yorkaise Alexandria Ocasio-Cortez, une socialiste revendiquée de 29 ans qui deviendra, sauf surprise, la plus jeune élue à la Chambre des représentants en novembre.
Cinq courses à l’élection sont à suivre de près. Au Texas, traditionnellement un État rouge, le candidat sénatorial démocrate Beto O’Rourke espère déclencher une “vague bleue” pour renverser le sénateur en exercice, Ted Cruz. Beto O’Rourke a déjà fait parler de lui au niveau national: il a appelé à la destitution de Donald Trump et soutenu la protestation des joueurs de la NFL pendant l’hymne américain.
Toujours dans le sud, la Georgie pourrait potentiellement élire la première femme noire à un poste de gouverneur. L’élection est loin d’être gagnée pour la démocrate Stacey Abrams, car l’Etat surnommé “Peach State” reste ancré à droite. Le candidat républicain, Brian Kemp, actuel “Secrétaire d’Etat” de Géorgie (une sorte de ministre de l’Intérieur local), est accusé par les démocrates de pratiquer une purge électorale, en empêchant certains électeurs, en particulier afro-américains, de s’inscrire sur les listes.
En Floride, connue pour être un “swing state” (susceptible de basculer d’un côté comme de l’autre) lors de l’élection présidentielle, le démocrate Andrew Gillum espère battre le républicain Ron DeSantis. Pour de nombreux médias, le résultat de cette élection sera emblématique de la situation nationale, avec des débats qui tournent autour du contrôle du port d’armes et l’immigration.
La sénatrice démocrate du Missouri, Claire McCaskill, est en danger face au républicain Josh Hawley. Les démocrates sont inquiets, et les médias américains considèrent cette course comme “la plus dure” de 2018.
En Californie, enfin, les démocrates se battent pour remporter toutes les circonscriptions du comté d’Orange, dans la riche -et historiquement républicaine- banlieue de Los Angeles.
Qui va gagner ?
L’élection dépendra de plusieurs inconnues: la participation des minorités, en particulier les latinos, vote des indépendants… Mais les médias anticipent une “vague bleue”, ce qui ne serait pas complètement une surprise: les élections de mi-mandat profitent généralement à l’opposition. Sur le célèbre blog de Nate Silver Five Thirty Eight, les démocrates ont 84,9% de chance de remporter la Chambre des Représentants, contre 15,1% pour les républicains. Ce serait un changement notoire pour la politique américaine, qui verrait Donald Trump bloqué au niveau législatif par les représentants démocrates.
Du côté des gouverneurs, les républicains resteraient majoritaires, avec 26 républicains contre 24 démocrates. Les républicains devraient par ailleurs rester en contrôle du Sénat . Ils ont 82,6% de chance de conserver l’institution, toujours selon Five Thirty Eight.