Le vol relatif, c’est un sport de l’extrême. Imaginez quatre garçons, ou quatre filles, à 3500 mètres d’altitude, qui sautent d’un avion, en grappe, c’est-à-dire accrochés les uns aux autres, et qui vont tomber vers le sol à la vitesse de 200 km/h. En compétition, comme c’était le cas à Deland (au Nord d’Orlando, Floride), ce week-end ils ont à effectuer un maximum de figures imposées pendant les 35 secondes qui les amèneront à l’altitude de 1000 mètres, où ils pourront ouvrir leurs parachutes. Chaque équipe est accompagnée d’un « vidéo-man », qui saute quelques secondes plus tard, et qui va survoler ses quatre co-équipiers pendant toute leur descente. Ce sont les images qu’il rapportera qui permettront aux juges d’établir un classement.
Au total, les Français ont passé quinze jours en Floride, pour un stage puis la compétition du “Shamrock Showdown 2011”, sur l’aéroport de Deland, à quelques kilomètres au nord d’Orlando. Pour cause de météo hivernale en France, ils viennent régulièrement s’entraîner aux USA: en janvier dernier, ils étaient en Arizona.
Mais qui sont-ils, ces fous du ciel? Des passionnés, bien sûr, mais surtout des amateurs, par définition non rémunérés, qui ont souvent du mal à vivre leur passion. Ce sport leur demande en moyenne deux semaines d’entraînement par mois. Comment concilier cela avec une quelconque occupation professionnelle? La plupart d’entre eux travaillent dans la fonction publique, assez conciliante, d’autres sont militaires, d’autres travailleurs indépendants. Ceux qui viennent du privé peuvent espérer obtenir des pouvoirs publics une compensation financière destinée a leurs employeurs. Mais tous s’accordent a reconnaître que la France est plutôt bonne fille quand il s’agit d’aider ses sportifs de haut niveau.
En Floride, mais pas chez Disney!
A Deland, en Floride centrale, ils étaient exactement 13 à vivre cette nouvelle aventure: les deux équipes de quatre, les deux vidéo-men, les deux entraîneurs, et… le plieur! Lui, c’est l’homme de l’ombre, dont le rôle est essentiel. Imaginez que durant un stage chaque membre de l’équipe va effectuer en moyenne une dizaine de sauts par jour. Cela veut dire une centaine de pliages à réaliser quotidiennement, sans aucun droit à l’erreur, même si chacun dispose d’une voile de secours.
Chaque jour, durant ce stage, les deux équipes ont sauté de 8 h du matin à 4 h de l’après-midi, avec, après chaque saut, visionnage des séquences et debriefing. Pas trop le temps d’aller s’amuser à Disneyworld, pourtant tout proche! Une vie donc assez spartiate, confinée aux abords de l’aéroport et rythmée par le bruit incessant des avions qui, inlassablement, emmènent par groupe de 10 la centaine d’athlètes venus de 10 nations différentes pour participer à ce challenge.
Que du bonheur!
Perrine Sanchez a aujourd’hui 26 ans. C’est une passionnée à qui la grande sœur, également parachutiste, a transmis le virus. Depuis 2007, elle pratique la chute libre, d’abord en PAC (progression accompagnée en chute), puis toute seule. Elle s’est entrainée du côté d’Avignon, puis au Maroc, avant de rejoindre, en 2010, le pôle Espoir de la Fédération, et d’intégrer, cette année, l’équipe de France. Elle est l’une des deux nouvelles recrues du team français, dans lequel elle dit s’être parfaitement intégrée. N’empêche: il y a un titre mondial à défendre… Mais Perrine refuse de «se mettre une mauvaise pression», et ne confie de sa toute nouvelle expérience que trois mots: «Que du bonheur!».
Au terme de la compétition de Deland, les garçons se sont classés en deuxième position (derrière l’équipe américaine d’Arizona et devant la Belgique). Les filles (qui concouraient dans la même compétition), un peu plus loin, à la 7ème place. Mais, souligne l’un des entraîneurs Jérémie Rolett: «Les prochains championnats du monde ont lieu en 2012. Cela nous laisse le temps de progresser dans la cohésion des équipes».
Les équipes:
Vol relatif féminin: : Sophie Deremaux (capitaine), Laurence Hervé, Perrine Sanchez, Amélie Tirman; Remy Grandcler (vidéo).
Vol relatif masculin: Mathieu Bernier; Guillaume Bernier; Julien Degen; Emmanuel Sarrazin; Olivier Henaff (Video).