Photographie, peinture néo-expressionniste, arts visuels… l’automne cultuel est riche et varié dans les galeries new-yorkaises. Voici trois expositions coup de cœur qui ont particulièrement retenu notre attention à Chelsea.
Nan Goldin est une photographe et activiste américaine née en 1953, connue pour ses photos intimistes sur la communauté LGBTQ+ et la crise du sida dans les années 80. Plus récemment, Nan Goldin a fait parler d’elle avec son documentaire « All the Beauty and the Bloodshed » dans lequel elle raconte sa lutte contre le groupe pharmaceutique Purdue et la famille Sackler, suite à son addiction à l’Oxycontine et son overdose presque fatale au Fentanyl.
Nan Goldin revient à la photographie dans cette belle exposition « You never did anything wrong » inspirée du syndrome de Stendhal – cette condition psychosomatique causée par la vue d’une œuvre d’une grande beauté dont l’auteur du Rouge et le Noir fut victime lors d’un voyage à Florence en 1817. Nan Goldin juxtapose des photos de ses amis, amants, rencontres éphémères prises au cours des vingt dernières années avec des photos d’œuvres classiques ou baroques bien connues, glanées au Louvre, au Met, au Prado… La ressemblance, tant dans la composition, les couleurs et les poses, est troublante.
Où ? Gagosian, 522 West 21st street, New York, NY
Quand ? Mardi–Samedi de 10am à 6pm, jusqu’au 19 octobre. Information ici
Les œuvres de Philip Guston, artiste américain-québécois décédé en 1980, sont facilement reconnaissables. Ses peintures à allure de BD, souvent déclinées en différents tons de rose et rouge, contiennent des motifs récurrents : ampoules, chaussures, cigarettes, horloges, fers à cheval, hommes en tunique blanche du Ku Klux Klan. Après s’être fait un nom en expressionisme abstrait (certains de ses tableaux ont été comparés à une version abstraite des derniers nénuphars de Monet), l’ami de Jackson Pollock a inventé son propre style « néo-expressionniste » pour dénoncer la guerre au Vietnam, le racisme et l’antisémitisme. L’exposition fait la part belle aux gravures de Guston.
Où ? Hauser & Wirth, 443 West 18th Street, New York, NY 10011
Quand ? Mardi–Samedi de 10am à 6pm, jusqu’au 26 octobre. Information ici
La Dia Foundation présente trois œuvres vidéo de Steve McQueen, artiste reconnu (Turner Prize 1999) et réalisateur à succès (« Hunger », « Shame », « 12 Years A Slave », « Widows »). Deux d’entre elles sont visibles à Chelsea, la troisième à Dia Beacon.
Dans chacune de ces œuvres, McQueen s’interroge sur l’identité de la diaspora africaine. « Exodus » est une vidéo muette où l’on suit deux Caribéens, en tenues élégantes, porter de hauts palmiers dans une rue agitée de Londres. Les palmiers, symboles de leur identité tropicale, semblent signifier à la fois leur fierté dans leur identité, mais aussi leur différence, impossible à ignorer. Les murs de la salle sont couverts de photos de fleurs prises à la Grenade, dans les Caraïbes : « Ce qui ne change pas dans le paysage [de la Grenade], explique l’artiste, c’est la beauté des fleurs. Cela tient du miracle dans un paysage marqué par le colonialisme et l’esclavage ».
Enfin, dans « Sunshine State », l’artiste raconte une expérience traumatisante vécue par son père tout juste arrivé en Floride comme cueilleur d’oranges, sur fond d’images de la surface du soleil en ébullition. Ces images font place à des extraits du « Jazz Singer », un film de 1927 dans lequel un artiste juif se maquille en black face pour jouer au jazz. Dans la version de Mc Queen, à l’inverse, au fur et à mesure qu’il se peint le visage en noir, il disparaît.
Où ? Dia Chelsea, 537 West 22nd Street, New York, NY 10011
Quand ? Mercredi-Samedi de 12pm à 6pm, jusqu’à l’été 2025. Information ici