La vingtaine de photos et le film de l’exposition « Location Disclocation : Identity in a Global world » ont beau être très différents, ils n’ont pas été regroupés au hasard : « Toutes les photos illustrent un lieu qui ressemblent à un autre lieu », explique Max Becher.
Depuis une vingtaine d’année, cet Américain d’origine allemande explore seul ou
avec sa femme Andrea Robbins ce qu’ils appellent « the transportation of place ». Dans leurs expositions, les deux artistes rapprochent toujours des lieux qui se ressemblent en dépit des kilomètres les séparant.
Dans la galerie de l’Alliance Française, ils offrent un nouveau regard sur les relations qui unissent l’Allemagne et la France aux Etats-Unis.
De passage à Toulouse, le photographe américain s’attarde volontiers sur les vignobles environnants ou les toits de briques de la « ville rose » mais Andrea Robbins et Max Becher exposent délibérément des photos de supermarchés de banlieues.
« C’est un petit peu ironique d’avoir ces supermarchés dans de tels endroits », explique Max Becher. « Vous vous attendriez à voir quelque chose de plus historique ». Aux dires des deux artistes, la contradiction est d’autant plus forte que pour un étranger la France est le symbole de la résistance à l’américanisation. Ironiquement leurs photos démontrent que les français ont adopté les emblématiques « strip malls » américains avec enthousiasme.
Plutôt que de jouer sur le contraste entre les hangars de « Toys’r’us », « But » ou « Jardiland » et les paysages environnants, Andrea Robbins and Max Becher ont préféré des plans rapprochés et des clichés très colorés.
D’après eux les supermarchés sont rarement photographiés et, quand ils le sont, c’est soit à des fins commerciales soit pour souligner leur laideur.
Les photographes aujourd’hui professeurs à l’Université de Floride, ont ironiquement choisi une toute autre approche. «Nous les avons photographié comme s’ils étaient des sites remarquables » affirme Andrea Robbins, se disant influencé par le Pop Art. « Nous voulions en faire des cartes postales » ajoute son mari.
Le paradoxe n’est pas oublié pour autant. « Dans chaque cas, il y a une contradiction » reprend Max Becher. Pour la photo de { « Jardiland » par exemple, « vous avez le panneau publicitaire américain typique, dedans il y a « land » mais « jardin » est français. »}
Après avoir contemplé les Etats-Unis en France sur un mur, le visiteur fait volte-face et découvre un petit bout de France aux Etats-Unis : Saint-Pierre et Miquelon. Le film capture quelques instants de vie quotidienne dans l’archipel qui, malgré sa proximité avec le continent américain conserve des traditions bien françaises.
Le jeu de miroir est le même pour les photos de d’Allemagne et des Etats-Unis.
L’exposition est en cela représentative du travail de ces anciens étudiants et professeurs de Cooper Union. Qu’il s’agisse de leurs expositions temporaires ou de leurs collections permanentes au Musée Guggenhein ou au Withney Museum of American Art ils jouent souvent sur les contraires.
« Il s’agit d’oppositions, mais c’est aussi une façon d’équilibrer l’exposition » conclue Andrea Robbins.
Location Dislocation: Identity in a Global World
Jusqu’au 23 juin. FIAF Gallery.