“Joel Arthur Rosenthal est timide“, entendait-on murmurer dans la salle lors de la présentation de l’exposition JAR à la presse au Metropolitan Museum cette semaine, en l’absence de l’intéressé.
M. Rosenthal (dont les initiales composent la dénomination JAR) exerce ses brillants talents depuis plus de 35 ans en toute discrétion, auprès d’une clientèle restreinte et avertie et sans aucune publicité. Le créateur évite soigneusement photos et interviews et l’entrée de son atelier place Vendôme, à peine visible, est réservée aux personnes connues de la Maison ou pistonnées.
Jusqu’en mars 2014, le Metropolitan Museum consacre une rétrospective à ce joaillier surdoué né aux Etats-Unis et établi à Paris depuis les années 70. Jane Adlin, commissaire de l’exposition, n’hésite pas à le qualifier de “sculpteur“. Les 400 bijoux exposés (dans des salles obscures) – la plupart prêtés par des collectionneurs privés – éblouissent par la finesse de leur design et l’éclat des couleurs.
“Joel Rosenthal est sélectif mais sans discrimination“, souligne Jane Adlin. Il mélange en effet des pierres traditionnelles de la haute joaillerie avec des matières moins nobles et plus originales, comme l’argent oxydé ( dont la couleur sombre fait ressortir l’éclat des pierres et autres composants colorés), l’aluminium, le titane, le bois, le corail et même… des ailes de scarabée pour une paire de boucles d’oreilles. Plus que la valeur intrinsèque des matériaux utilisés, c’est l’esthétique du bijou qui anime le joailler.
Les formes sont souvent d’inspiration naturaliste : fleurs (gardénias, cyclamens, roses, églantines, iris…), animaux (collier serpent, broches papillons) et cette fusion donne parfois des oeuvres plutôt inattendues en haute joaillerie : boucles d’oreilles framboises, broche oignon ou boîte en forme de tarte aux noix.
On ressort de cette exposition devant une nuée de papillons étincelants en se disant que M. Rosenthal peut se payer le luxe de la discrétion, ses bijoux sont de véritables oeuvres d’art.