L’idée peut sembler curieuse. En s’inspirant d’une rumeur relayée dans les medias en 2011, le réalisateur Guillaume Nicloux met en scène l’enlèvement du prix Goncourt 2010 dans sa fiction “L’enlèvement de Michel Houellebecq”, qui sortira au Film Forum de New York le 25 mars. Un film à l’image de l’écrivain, qui y campe son propre rôle.
Les faits remontent à septembre 2011, alors que l’auteur est attendu aux Pays-Bas pour la promotion de son roman “La carte et le territoire”. Sans nouvelles depuis plusieurs jours, la sphère médiatique s’emballe, et des rumeurs d’enlèvement impliquant les réseaux d’Al-Qaïda surgissent sur les réseaux sociaux. L’écrivain solitaire avait simplement choisi de s’isoler en Espagne, coupé de tout moyen de communication.
Quelques années plus tard, Guillaume Nicloux réécrit l’histoire, et fait de l’écrivain controversé une tête d’affiche originale et décalée. Cette fois, c’est par trois repris de justice inexpérimentés que l’écrivain est kidnappé, puis emmené à la campagne chez les parents de l’un d’eux. Une détention, pour le moins surprenante, commence alors.
Le film a cela de particulier qu’il flirte avec le documentaire, misant sur l’authenticité des personnages. Un peu trop parfois. Les quinze premières minutes nous emmènent dans la routine calme et monotone de Michel Houellebecq, au risque de décourager le spectateur peu aguerri.
Mais une fois l’enlèvement commencé, et après quelques minutes de dialogue entre l’écrivain et ses ravisseurs, la mayonnaise prend. Le film est vite porté par un comique de situation qui met joyeusement en scène Houellebecq et ses trois bras cassés dans des situations plus incongrues les unes que les autres.
Le scénario, teinté d’auto-dérision et bourré d’analyses littéraires auxquelles se livre l’écrivain offre des séquences aussi drôles qu’enrichissantes. Derrière la figure sombre et taciturne du personnage public, on découvre un Houellebecq facétieux et attachant, qui boit, fume, commande des verres de vin et parle littérature avec ses ravisseurs. Un premier film que l’écrivain a présenté en avant-première à la Berlinale 2014.