Isabelle Amaglio-Terisse ne s’en cache pas : elle ne vit pas en Amérique du Nord et n’y a pas d’ancrage. Mais elle y a des « attaches » comme elle dit : une fille qui vit et travaille sur le continent américain et une petite fille binationale. « Je baigne dans le milieu des Français de l’étranger de tous les côtés de ma famille. C’est la raison pour laquelle je m’occupe de ces sujets depuis 5 ans pour mon parti que je co-préside ». La candidate et vice-présidente des Radicaux de Gauche explique avoir connu de près les galères rencontrées par les expatriés, pour avoir notamment accompagné ses enfants sur « le chemin de croix de la protection sociale quand on débarque à l’étranger, tout jeune, avec un contrat local ».
Son ancrage, c’est l’île-de-France, le nord des Yvelines : elle vit à Sartrouville depuis 25 ans et y est élue municipale. À 53 ans, Isabelle Amaglio-Terisse a renoncé à une candidature dans sa circonscription au nom de l’unité de la gauche « dans un territoire très à droite, pour donner une chance à la gauche ». Une logique d’union qui n’a pas fonctionné outre-Atlantique. La NUPES – dont la candidate est Florence Roger pour la législative Amérique du Nord – « n’a pas répondu à l’appel au dialogue lancé par le LRDG », déplore Isabelle Amaglio-Terisse. « On n’a pas mis de candidat là où il y a un risque RN ou là où on peut faire perdre un copain de gauche. On a une attitude responsable. Mais on considère aussi que la gauche est arrivée au pouvoir quand elle a eu cette attitude responsable mais plurielle. »
Juriste de formation, l’élue des Yvelines a consacré toute sa carrière au service public. Quinze années dans le conseil aux TPE/PME – ce qui l’a amenée à travailler à Montréal et à Québec – puis, de 2012 à 2015, en cabinet ministériel à Bercy où elle a travaillé sur « ses sujets de prédilection » comme elle l’écrit sur son site : développement économique, commerce et artisanat ou encore économie sociale et solidaire; avant de devenir directrice-adjointe du cabinet d’Arnaud Montebourg puis d’Emmanuel Macron. Celle qui a appelé à voter le candidat d’En Marche dès le soir du 1er tour de la présidentielle en 2017 pour contrer le Front National, « avec l’espoir d’un gaullisme social de mesures protectrices des plus fragiles », a vite été déçue, « sur l’écologie, la laïcité et l’universalisme et sur la place des femmes aussi ». Les premiers pas du second quinquennat d’Emmanuel Macron, marqués par la hausse de 16 points du taux de cotisation à l’assurance retraite pour les fonctionnaires détachés, ont fini de la convaincre. « En fait, on n’a rien compris », dénonce la candidate avec exaspération à l’adresse du gouvernement français.
Pour Isabelle Amaglio-Terisse, aller au combat relève de son devoir, « en tant que cheffe de parti et surtout en tant que femme. Je ne vais pas me défiler. » Pour cette législative, elle place l’enseignement du français et le rayonnement du français dans le monde en tête de ses priorités, ainsi que le développement des services publics pour les Français établis hors de France. La candidate LRDG critique la dématérialisation des services « telle que nous la vend La République en Marche (devenue Renaissance) » même si, elle le reconnaît, elle facilite la vie des Français dans une circonscription comme l’Amérique du Nord.
Ni Isabelle Amiglio-Terisse, ni sa suppléante, Catherine Duriez Guy, qui a vécu neuf ans aux États-Unis – enseignante à l’université d’Oregon puis à New York et à Los Angeles – ne font campagne sur le terrain, « du fait d’une campagne très courte » justifie la candidate. Isabelle Amiglio-Terisse reconnaît que les espoirs de l’emporter sont minces. Mais pour cette ancienne coureuse de fond, aucune course n’est perdue d’avance. « Une campagne, c’est comme un marathon, c’est une aventure au long cours. »