Un millier de Macs sont alignés dans une immense salle informatique aux allures de vaisseau spatial. Les 150 élèves de la toute première promotion de l’école 42 USA, à Fremont (East Bay), viennent de faire leur rentrée. Par petits groupes, certains discutent devant un écran. Au rez-de-chaussée, une vingtaine d’étudiants ont installé un projecteur et tentent ensemble de maîtriser un programme.
Ici, pas de cours, pas de profs, pas de notes. A la place, on apprend à programmer en groupe (peer-to-peer), par projets, grâce aux stages et sur un campus ouvert 24h/24, 7j/7. On accumule des “XP”, des “experience points”, comme dans un jeu vidéo, pour franchir des niveaux, « 21 au total. C’est pour cela que la première rentrée a été fixée au 21 septembre », sourit Brittany Bir, COO de l’école de Fremont et élève, en 2013, de la première promotion de l’école 42 de Paris. Sur le modèle de sa grande soeur parisienne, 42 USA est une école privée, à but non lucratif, et la formation entièrement gratuite. Elle est financée par Xavier Niel. Budget: 100 millions de dollars pour les 10 prochaines années.
Les candidats doivent avoir moins de 30 ans et réussir la “piscine”, quatre semaine de sélection, sur le campus. Selon son rythme, chacun a ensuite 3 à 5 ans pour arriver au terme de la formation – non diplômante – qu’il organise lui-même. Seuls certains “modules” sont obligatoires. Les étudiants peuvent en suggérer de nouveaux, les construire avec l’équipe pédagogique et les ajouter au cursus: c’est comme cela qu’est né le module sur Unity, une plateforme de création de jeux vidéo.
Le modèle avait fait parler de lui en France ; il étonne aussi aux Etats-Unis. D’abord parce qu’ici, personne ne connaît le Français Xavier Niel. « Alors on explique que c’est lui qui permet d’avoir des forfaits de téléphone à 2 euros en France, au lieu de 90$ ici », note Brittany Bir. L’autre réticence est culturelle: « Comme c’est gratuit, certains se demandent si c’est une arnaque ou doutent de la qualité de la formation », relève-t-elle.
La philosophie est pourtant simple : « On veut permettre à ceux qui ne peuvent pas se payer quatre ans à Stanford, ni quatre ans à San José State University, même si elle est publique, de pouvoir poursuivre leurs études après le lycée. Moi-même, j’ai dû quitter mon pays, les États-Unis, pour pouvoir étudier », confie cette Californienne d’origine. Issue d’une famille modeste, Brittany Birr a obtenu un master d’études européennes à la Sorbonne, à Paris, puis enseigné l’anglais à Epitech – ce qui l’a poussé à apprendre à coder.
En s’installant au plus près de la Silicon Valley, « on permet aussi à des gens qui ont des profils atypiques d’entrer dans le secteur. Cela nous semble très important. Il n’y a pas qu’un seul type de personnes qui peut innover et faire évoluer la société » .
Les premières “piscines” ont ainsi accueilli, sur 650 candidats, « 17% de femmes (contre 3 à 10 en général pour ce type de cursus), quelques demandeurs d’asile, des personnes en reconversion, d’autres qui complètent une première formation ». La prochaine piscine ouvrira le 24 octobre et une autre rentrée est prévue le 31 octobre. Dans ce bâtiment, acheté début 2016, l’objectif « un peu ambitieux » est d’accueillir 10.000 élèves par an d’ici à 2020.
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