Rick Brown n’en croit pas ses yeux quand, en 2019, il observe le toit de la cathédrale de Notre-Dame de Paris partir en fumée. Le fondateur de Handshouse, une organisation qui étudie en construisant des répliques, reçoit immédiatement des messages après l’incendie. Et si son association pouvait aider à la reconstruction dans les règles de l’art médiéval? Grâce à des charpentiers américains motivés par le projet, il se tourne vers l’association française Charpentiers sans frontières et son président, François Calame.
“François nous a mis en contact avec l’équipe d’architecture à Paris”, explique le sculpteur de formation. “Elle nous a envoyé les informations dont nous avions besoin pour reconstruire une ferme de la charpente de la cathédrale avec les outils et les méthodes de l’époque”. L’équipe américaine veut maintenant faire don à la France de cette ferme numéro 6, qui était une des plus anciennes de la charpente, et espère la voir prendre sa place dans la cathédrale reconstruite, juste au-dessus du choeur.
“Notre projet a pour but de montrer aux Français et au monde entier l’importance de restaurer les bâtiments historiques, mais aussi de montrer notre solidarité”, souligne Rick Brown. “L’architecte en France a dit être honoré que les Américains soient intéressés”. Néanmoins, l’équipe parisienne n’a pas encore validé l’utilisation réelle de la ferme ainsi réalisée dans la future reconstruction du toit.
Un défi de taille
Plans en main, Rick Brown doit constituer une équipe de bénévoles et des partenaires pour les aider à héberger et travailler sur la charpente. “Je connaissais déjà trois charpentiers qui ont tout de suite répondu à l’appel”, se rappelle-t-il, et parmi eux, Alicia Spence, charpentière dans le Massachusetts et directrice des travaux.
“Je fais partie de l’organisation ‘Charpentiers sans frontières’, j’ai déjà pas mal d’expérience dans la restauration de bâtiments anciens”, explique Alicia Spence, ajoutant que “ce qui m’a plu, c’est la solidarité du groupe, et le message qu’on a envoyé au monde, qu’il faut sauvegarder les trésors de l’humanité comme la cathédrale de Notre-Dame”.
Entre le 26 juillet et le 4 août dernier, devant la Basilique de l’université catholique de Washington DC, une soixantaine de bénévoles prennent des outils typiques du 12e siècle en main pour scier et clouer les planches de bois ensemble.
“Le plus gros défi, c’était de trouver le bois qui se rapprochait le plus du chêne français”, raconte-t-elle. Les charpentiers finissent par trouver un chêne blanc américain, dans une forêt de la Virginie occidentale, qui fera l’unanimité au sein du groupe de professionnels.
Des institutions de DC se mobilisent
Sans donner de chiffres exacts, Rick Brown a indiqué que de nombreux donateurs privés ont participé aux financements de la construction. Mais ce qui a aidé le projet, ce sont également les nombreuses institutions qui lui ont donné un coup de main pour la logistique.
“Le président de l’Université catholique de Washington DC a été très emballé par notre projet, c’est pour cela que nous avons attendu l’été pour commencer les travaux”, souligne-t-il, soulignant qu’ainsi “les dortoirs et la cafétéria étaient à notre disposition”. Le diocèse lui-même est enthousiaste et propose de prêter un terrain pour développer le projet.
Le National Park Service à Washington a proposé aux bénévoles d’exposer leur oeuvre sur le National Mall, le 6 août dernier. Et depuis, c’est le National Building Museum qui montre la pièce d’architecture entre ses murs. “Dès que nous avons discuté avec le musée, la direction nous a donné un grand soutien et va donner accès à notre projet jusqu’à la mi-septembre”, confie-t-il.
Et après? “La ferme devrait aller à Atlanta, et peut-être dans une université à Saint-Louis, elle va faire son propre voyage!”, s’exclame le fondateur du projet. Et peut-être un jour, finir sur l’un des plus beaux toits de Paris!