Après Ricky, le dernier film de François Ozon traite une nouvelle fois de maternité avec cette histoire à la fois touchante et dérangeante, mettant en scène Isabelle Carré, réellement enceinte lors du tournage, dans le rôle d’une future maman ne désirant pas de l’enfant. Cependant pour le réalisateur, le sujet principal du film n’est pas la maternité: “Le refuge est plutôt un film sur le deuil, sur les moyens d’accepter la disparition de quelqu’un que l’on aime.” En effet, Mousse se réfugie sur la côte basque après la mort par overdose du père de son futur enfant et tente de se remmettre de cette perte, notamment grâce à cette vie qui est en elle. Dans son refuge, elle est bientôt rejoint par le frère du défunt, interpreté par le chanteur Louis-Renand Choisy, avec qui elle développe rapidement une complicité. Sur la plage notamment, à deux pas du refuge, un lieu que le réalisateur affectionne tout particulièrement (Le temps qui reste), car “c’est un bon moyen de dénuder les acteurs“…
Le refuge est un film lumineux sur un thème grave, mais aussi un véritable défi en raison de la grossesse de son actrice principale. “Isabelle est une actrice très professionnelle” nous raconte François Ozon, “elle n’était pas dans le contrôle et me laissait capturer des choses qui lui échappaient.” En cela, le film ressemble parfois donc à un documentaire sur la grossesse d’Isabelle Carré et la métamorphose du corps qui l’accompagne. Le performance de l’actrice en est d’ailleurs magistrale, entre sérénité et intensité, l’humeur changeante d’une femme qui s’apprête à donner la vie. On peut dès lors s’étonner de voir un homme s’intéresser de si près à un thème si féminin: “Je préfère travailler avec des actrices. Elles sont plus intelligentes. Et le fait que je sois un homme me permet sûrement d’avoir plus de distance” nous explique le réalisateur.
Si les personnages d’Ozon glissent peu à peu vers la lumière, le parcours n’est pas sans embuches: celui d’une femme enceinte sous métadone, celui d’un jeune homosexuel qui ne pourra sûrement jamais être père. Une certaine presse y voit un plaidoyer pour l’homoparentalité, le réalisateur s’en défend: “Il n’y a pas vraiment de sexualité dans ce film. Les personnages sont en quête d’identité mais il n’y a pas de message, juste une fin pleine d’espoir et de logique.”
Le refuge sort le 10 septembre au Angelika Film Center