« Je ne conçois pas la vie sans musique. Elle résonne dans ma tête au quotidien et grâce à elle je ne me sens jamais seul », raconte Stéphane Denève qui orchestre sa carrière musicale de main de maître. À tout juste 51 ans, le maestro français a été nommé directeur artistique du prestigieux New World Symphony, un ensemble d’instrumentistes professionnels émergents basé à Miami Beach, pour un mandat de cinq ans. Le chef d’orchestre prend ainsi la succession du compositeur californien Michael Tilson Thomas, qui était à la tête de cette institution depuis sa fondation en 1987.
« Le défi à relever est impressionnant car je dois faire perdurer l’héritage de mon prédécesseur qui a créé un établissement à l’avant-garde de l’éducation musicale, fréquenté depuis 35 ans par la crème de la crème de la jeune génération qui essaime désormais les orchestres du monde entier. I have big shoes to fill, comme on dit ici », confie humblement Stéphane Denève, qui est tout de même un habitué des lieux, puisque le quinqua a eu l’occasion de diriger le New World Symphony à maintes reprises ces quinze dernières années comme chef invité.
Tour à tour directeur musical de l’Orchestre national royal d’Écosse, de l’Orchestre symphonique de la Radio de Stuttgart, du Brussels Philharmonic et de l’Orchestre symphonique de Saint-Louis, la liste des casquettes n’en finit pas de s’allonger pour ce maestro, originaire de Tourcoing, qui dirige les plus grandes phalanges symphoniques depuis plusieurs décennies aux quatre coins du monde. « Je me sens privilégié d’en être arrivé là », reconnaît modestement Stéphane Denève qui a toujours eu l’ambition de faire de sa passion son métier.
« Quand on dirige un orchestre, il y a un véritable échange et un partage d’énergie avec les musiciens mais aussi le public. C’est un moment chargé en émotion positive », souligne ce féru de musique, qui s’est formé au Conservatoire de Paris avant de faire ses premières armes aux côtés de chefs d’orchestre de renom à l’image de Georg Solti, Seiji Osawa et Georges Prêtre.
Très attaché à son patrimoine musical, Stéphane Denève souhaite toutefois balayer les clichés en s’imposant comme un défenseur de la musique du XXIème siècle. « L’orchestre symphonique doit sortir de sa connotation passéiste, insiste-t-il. C’est un art bel et bien vivant grâce à de nombreux compositeurs contemporains qui proposent des partitions extraordinaires. Et même si nous jouons également des œuvres écrites il y a plus de deux siècles, il est tout à fait possible de les revisiter à l’aune du temps présent. Les sons m’apparaissent comme une sculpture que je façonne et modèle à ma guise. »
Sur sa lancée, le maestro français dans l’air du temps espère aujourd’hui inspirer la nouvelle génération d’artistes du New World Symphony. « Le monde change, un musicien d’orchestre à notre époque ne peut plus se contenter de venir jouer à un concert. Il doit aller chercher son public, communiquer en réalisant des vidéos notamment, et trouver d’autres manières de rendre la musique accessible à tous, explique Stéphane Denève. La montagne n’est jamais réellement gravie, nous pouvons toujours continuer l’ascension. Le ciel est la seule limite. C’est ce qui me fascine dans ce métier. »