Chaque année, début janvier, le Consumer Electronic Show (CES) attire plus de 150,000 visiteurs à Las Vegas, et tout ce qui compte dans le monde du digital grand public. Rien de cela cette année: pour cause de crise sanitaire, le salon sera cette année entièrement en ligne, du 11 au 14 janvier. “Nous avons pris cette décision pour le bien de nos clients, cela a été un choix unanime du Board”, expliquait début décembre Gary Shapiro, le président de la Consumer Technology Association (CTA), organisatrice de l’évènement, au cours d’un webinar avec Charles Kergaravat, directeur marketing international de Klaxoon, une société spécialisée dans le développement de solutions collaboratives pour entreprises. Mais malgré un discours optimiste, le président de la CTA n’a pas caché ses interrogations sur le nombre de visiteurs potentiels.
Cette transformation du CES à travers la création d’une plateforme numérique modifie profondément son organisation et devrait avoir une incidence directe sur la fréquentation et sur le contingent d’entreprises présentes. Pourtant, dans l’optique de maintenir la confiance des exposants, les prix ont été presque divisés par dix. Le stand virtuel est affiché à un peu moins de 2 000 dollars, contre environ 20 000 dollars pour une présence physique, sans compter les différents frais inhérents à un déplacement sur Las Vegas (billets d’avion, hôtel…). De son côté, Business France a également mis en place une offre pour les entreprises et jeunes pousses françaises à partir de 1 600 euros HT avec de nombreux outils pour augmenter la visibilité durant le salon.
Le contingent français à la baisse…
Mais cela ne suffit pas à convaincre et la participation française sera nettement moins importante. “Le format 100% numérique n’est pas adapté à toutes les start-up”, a récemment indiqué Eric Morand, directeur du département technologies du numérique et services innovants de Business France. Selon l’agence publique d’aide à l’exportation qui fédère une grande partie de la délégation de start-up françaises, 113 jeunes entreprises devraient être présentes contre plus de 150 en 2020. Pour Julien Garcia, responsable communication et partenariats de Blackline, une start-up qui développe une fixation de snowboard connectée, le CES virtuel ne peut se substituer à l’original. “Nous avons été contactés, mais nous avons choisi de ne pas exposer. Car nous risquons de ne pas toucher la même audience et le même réseau”, explique-t-il. Un constat que dresse également le fabricant de domotique Somfy. “Nous ne serons pas exposants cette année. Nous avons opté pour la session virtuelle du salon R+T à Stuttgart, du 21 au 25 février”, indique Carine Bocquet, responsable marketing international de Somfy. Exposant en 2020, l’autre grand nom de la domotique, la société Legrand, passe aussi son tour. “Nous n’y serions probablement pas allés cette année, mais le fait que le salon ait lieu sous une forme digitale nous a renforcés dans cette option”, a expliqué Benoit Coquart, son directeur général, à l’AFP. De grands fabricants et équipementiers automobiles, comme Peugeot et Valeo, ne seront pas non plus de la partie.
La solution “phygitale”
Si certaines entreprises ont décidé de ne pas exposer, d’autres considèrent que ce format reste un medium attractif pour se développer et présenter de nouvelles technologies, comme l’atteste la présence de Renault ou de l’agence de presse française ETX Studio. “ETX Studio participera au CES digital, afin d’y affirmer son ambition d’être un champion mondial de la revoluSON grâce à ETX Daily Up, la première plateforme d’information 100 % audio augmentée, réalisée en partenariat avec l’AFP et Microsoft. C’est un facteur d’accélération business, médiatique et stratégique”, explique Jérôme Doncieux, le CEO de l’entreprise. Même analyse du côté de la start-up nantaise La Ruche à Vélos, qui présentera en ligne son concept de parking sécurisé pour deux-roues à destination des entreprises et des collectivités.
Organisateur depuis de nombreuses années d’un village francophone en marge du CES, Marc-Lionel Gatto a lui décidé de tenter l’aventure de ce salon virtuel, mais en lui adjoignant une dimension physique. Cette solution “phygitale” prendra la forme de studios connectés installés dans différentes villes et régions francophones du monde, partenaires de l’évènement, où les participants pourront se rendre pour “pitcher” auprès du réseau notamment. “Le village francophone permet d’optimiser la participation au salon, en aidant les participants à naviguer une manifestation gigantesque et finalement ce rôle est encore plus important cette année avec le salon digital”, note Marc-Lionel Gatto.
Mais l’expérience “tout digital” du CES devrait bien rester seulement cela: une expérience unique; déjà Gary Shapiro et la CTA ont annoncé que le CES retournerait à Las Vegas l’année prochaine. Et la plupart des grands groupes comme des startups ont annoncé que le retour du salon physique serait déterminant dans leur décision de participer ou pas en 2022.