54 millions minimum, peut-être le double. Le nombre de chats dans les foyers américains est considérable. Une niche qu’ont décidé d’exploiter Sonya Petcavich et Bruno Lévêque, co-fondateurs de Meowtel. « Une appli mobile et un site web qui permettent aux propriétaires de chats – ou cat parents comme on dit aux États-Unis – de trouver un cat-sitter fiable près de chez eux », expliquent-ils. Les deux entrepreneurs viennent d’ouvrir une boutique à Hayes Valley (San Francisco). Histoire de se faire connaître tout en sourçant des produits originaux pour minets. Une stratégie omnicanale prometteuse.
Bruno Lévêque a rejoint l’aventure début 2020. Il est désormais CTO et investisseur, après avoir lui-même été utilisateur de la plateforme créée en 2017. « Ma femme s’était inscrite comme cat-sitter, elle a été débordée par les demandes et je lui ai donné un coup de main. Il y avait des choses à améliorer sur le site web. Alors en tant qu’entrepreneur j’ai contacté Sonya pour la mentorer et la coacher un peu. Ayant moi-même eu cette chance plus jeune, c’était un bon moyen de passer le flambeau », raconte-t-il.
Le co-fondateur et ancien CEO de PrestaShop (un logiciel e-commerce qui facilite la création de boutiques en ligne) venait d’avoir un AVC. « Pas de séquelles mais ça m’a bien secoué », confie-t-il. « J’ai décidé de sortir de l’opérationnel, de rester actionnaire et de faire autre chose. » Ayant lui-même deux chats, Plop et Ploppy, il s’intéresse de plus près au business du cat-sitting et retombe sur ses pattes avec Meowtel.
La valeur ajoutée de Meowtel réside dans la vérification des cat-sitters. Les personnes sélectionnées sont fiables et très attentives au bien-être des chats. « Tout est très encadré, c’est ce qui plaît », révèle l’entrepreneur. Le processus comprend 5 étapes : contrôle de CV, vérification des références, background check, un questionnaire et un entretien video. Tout est fait pour mettre en confiance le cat parent – le terme est particulièrement approprié dans le cadre de ce service premium à domicile. Les chats restent dans leur environnement pour ne pas les perturber, ce sont les cat-sitters qui viennent à eux. L’entreprise retient moins de 10% des candidats, qu’elle assure par la suite. Les cat-sitters sont ainsi protégés en cas de blessures au cours d’une visite. Et les cat parents en cas de dommage ou de problème de santé du chat induits par la garde.
Le cat-sitter peut organiser une rencontre gratuite pour faire connaissance avec les petites boules de poils (ou gros matous). Il suivra à la lettre les instructions des propriétaires. Il donnera des nouvelles, photos comprises, via le chat de l’application (la messagerie pas l’animal). Le paiement se fera ensuite sur Meowtel. Les gardes durent 20, 40 minutes ou toute la nuit et le prix est déterminé par les cat-sitters qui sont des indépendants. « En moyenne c’est 25$, ce qui inclut le déplacement, le temps passé avec le chat, l’assurance etc. mais dans des villes comme New York ou San Francisco, ça peut monter à 40$ », détaille Bruno Lévêque.
L’entreprise a vocation à s’étendre à l’ensemble des États-Unis et compte déjà 300 cat-sitters actifs, principalement dans les 10 plus grandes villes du pays. « En réalité on en a plus mais dès qu’ils deviennent moins réactifs ou autre on les suspend. On ne veut vraiment que des gens engagés. Le temps moyen d’attente quand tu fais une demande de cat-sitting c’est moins de 10 minutes », annonce le CTO. Le but est d’atteindre rapidement 1000 cat-sitters pour faire face à l’affluence pendant les fêtes.
Meowtel est une petite entreprise technologique, en forte progression en dépit du contexte de Covid. « Nos clients voyageaient beaucoup, notamment pour le travail, alors au mois de mars ça a vraiment été très dur. Ensuite ça a repris. Les réservations ont ralenti mais la croissance compense et nous permet de faire mieux que l’an dernier. Contre toute attente. » Un record de demandes a même été enregistré pour Thanksgiving. Après avoir levé 785 000$ auprès d’angels et de deux fonds d’amorçage, Meowtel est prêt à partir à la conquête du marché du cat-sitting. En offrant un service spécialisé, centré sur la gente féline, Meowtel développe une expertise appréciée des cat parents. Ce Wag pour chats prodigue d’ailleurs moult conseils et informations sur son blog, tenu par les cat-sitters.
Pour l’an prochain, Bruno Lévêque s’est fixé des objectifs. « Renforcer notre présence mobile, recruter davantage de sitters et s’étendre, on voudrait être plus présents sur plus de petites villes », précise-t-il. « Pour l’instant on a des campagnes actives sur Facebook, on regarde en permanence sur Craigslist etc., en attendant un effet réseau. » Une tactique qui pourrait bien s’avérer payante. Tout en aidant les amoureux des chats qui veulent mettre du beurre dans les épinards, en temps de Covid. « Dans certaines villes, on voit que dès que le gouvernement fédéral arrête ses aides, on a plus de sitters parce que les gens cherchent un petit boulot. C’est ce qu’il s’est passé à LA où nous avons une soixantaine de personnes disponibles. » Dans la Bay Area, il y en a une dizaine pour l’instant. Lefty, le chat mascotte de l’enseigne du 327 Hayes Street, pourrait bien créer des vocations chez les passants.