Il faut savourer tous les plaisirs, et celui de partir le matin vers un lieu que l’on ne connaît pas en est un que j’apprécie tout particulièrement.
Juste quelques mots. Ce sont une ou deux phrases assez énigmatiques, prononcées par un voisin de table dans un restaurant de Manhattan, qui avaient attisé ma curiosité. Me voilà ainsi sautant dans un bus, à Port Authority, pour rejoindre Mountainville, sur la rive ouest de l’Hudson. Destination le Storm King Art Center. Avec un nom un peu ronflant comme celui-là, j’avais tout de même quelques craintes, mais bon, pourquoi pas ?
Sortie sans trop de problème de Manhattan en milieu de matinée puis route facile vers le nord-ouest. Arrivée sur place une heure et demie plus tard. Évidemment, comme tous les visiteurs, je suis alors tenté de me diriger vers l’imposante maison située en haut de la colline. Un conseil, presque susurré à l’oreille par un jardinier, m’évite l’erreur et me voilà cherchant un panneau, une flèche ou un plan m’indiquant le sens de la visite. Mais rien, nothing. Et pour cause, les 200 hectares de Storm King Art Center se découvrent au petit bonheur, selon l’inspiration. Et que voit-on au détour d’un chemin, derrière un bosquet ou carrément un bois ou encore de l’autre côté d’une colline ? De monumentales sculptures, par exemple celles d’Alexander Calder, de Richard Serra toujours étonnantes ou encore l’extraordinaire travail de Maya Lin qui avec sa « wavefield » a modelé la nature, à son idée, forcément artistique.
C’est une journée entière que l’on peut ainsi passer dans les champs et les bois, d’une œuvre à l’autre. Quel bonheur de visiter un musée comme celui-ci dans un tel environnement. Manhattan et son tumulte sont bien loin. Ici, pas de sirènes, de moteurs et de climatiseurs, juste la musique parfois émouvante de la campagne et un règlement très strict qui interdit aux enfants de jouer, aux adultes de pique niquer, etc. C’est vrai que l’on a tendance à oublier que Storm King Art Center est un Musée et non un parc d’attractions. On ne peut pas y faire n’importe quoi et, finalement, c’est mieux ainsi car la virginité de la nature y semble préservée pour l’éternité.
J’ai dû, à regret, quitter les vertes pelouses et les allées entre les arbres de Storm King. Je l’avoue, pendant ma longue balade, j’ai souhaité à plusieurs reprises qu’un orage ou à défaut une averse, vienne se soulager au-dessus des sculptures mais rien. Un ciel bleu, limpide. Pas l’ombre d’un nuage pour éclairer différemment les œuvres, pas une goutte d’eau qui glisserait sur le bronze ou le fer de ses structures étranges qui ont merveilleusement trouvé leur place dans la nature de Mountainville. D’où l’idée de revenir à la fin de l’été, puis en automne et même par un jour de grand froid, en plein hiver. C’est ça. Revoir ces paysages et ces sculptures sous le gel ou la neige. C’est sûr, je reviendrai.
Le Storm King Art Center fête cette année son 50ème anniversaire. À cette occasion, des œuvres ont été commandées à une dizaine d’artistes et sont visibles sur place.
Comment y aller ?
Au départ de Port Authority, Coach Usa propose un round trip à 45$ par personne, entrée à Storm King incluse. Départ à 10h00 du matin et retour à NYC à 6h15 pm.
Bien sûr, il est un peu dommage de ne pas pouvoir profiter de la fin de l’après midi sur place, lorsque la lumière se fait plus douce sur les œuvres, mais vous ne raterez pas grand-chose car le Musée ferme à 5.30 pm !!!
En voiture : Palisades interstate Parkway north jusqu’au Bear Mountain trafic circle puis route 9W, route 107 et enfin route 32. Comptez 1h15 de trajet.
Où déjeuner ?
Sur place, ce n’est pas top. Le Storm King Café assure le basic, sans beaucoup plus.D’accord, on ne vient pas là pour faire un repas gastronomique mais tout de même.
Comment se déplacer ?
Trois solutions pour se balader dans les 200 hectares. Un tram qui s’arrête devant chaque œuvre, ça c’est vraiment si vous êtes fatigué. Un vélo de location. Assurément la bonne idée si vous êtes prêts à pédaler gentiment. Enfin, nous l’avons dit, à pied, tranquillement, pour une superbe balade romantico-culturelle.
Un truc à noter ?
Oui, deux mêmes.
Chercher le remarquable « monumental kiss » de Darrell Petit’s. Deux blocs de granit de 25 et 19 tonnes qui s’échangent un doux baiser.
Et puis, à l’intérieur du bâtiment, le souvenir de Louise Bourgeois, la grande artiste française décédée en mai dernier à New York.
Pour en savoir encore plus avant de vous rendre au Storm King Art Center : www.stormking.org
(Photo: Five Swords, 1976, Alexandre Calder; Calder Foundation, New York)