« L’affaire DSK et les stéréotypes débiles sur les morales américaine et européenne », titre un article du site Slate (en anglais ici et traduit en français là). Le journaliste pointe du doigt les « commentaires pseudo-raffinés sur les différences supposées entre la morale des Américains et celles des Européens » qui ont fleuris un peu partout dans les médias après la révélation de cette affaire de mœurs.
Ainsi, depuis une semaine, les commentaires des journalistes américains laissent à penser que le scandale aurait pu être évité, si seulement les Français avaient fait preuve de moins de laxisme et de plus de rigueur. Le NY Daily News dénonce la « complicité » de la société française, qui a fermé les yeux trop longtemps sur la vie privée de DSK. « Cela fait partie de la culture française de protéger les hommes puissants » confirme un journaliste sur Philly.com.
Face à la résurgence des clichés sur les moeurs légères des Français, l’auteure Debra Ollivier signe un article dans le Huffington Post, où elle entreprend (dans une extrapolation assez malvenue qui en a d’ailleurs fait tiquer plus d’un) de prouver que la France n’a pas le monopole de l’adultère et que celui-ci serait même plus répandu aux Etats-Unis…
Et si le New York Times évoque aussi le « sentiment anti-français », il est surtout le seul à donner la parole aux journalistes français en reportage à New York… quitte à en faire un peu trop : le quotidien décortique leurs comportements décidément bien exotiques (ils se font la bises et fument des cigarettes) et va jusqu’à affirmer que les reporters français seraient « plus beaux que leurs homologues américains » !
De l’autre côté de l’Atlantique, l’« anti-américanisme » refait surface, lit-on dans un autre article du NY Times. En cause notamment, le lynchage médiatique du côté américain, mais surtout, leur système judiciaire. Le Washington Post évoque le « clash » entre les deux systèmes judiciaires, tandis qu’un article de Slate se penche sur l’incompatibilité entre la pratique américaine du «perp walk» («perpetrator walk”, ou “marche du suspect”) et le principe de la présomption d’innocence. Dans le Huffington Post, Sophie Meunier affirme au contraire que l’« anti-américanisme français n’est plus ce qu’il était » : si le traitement de l’affaire par les Etats-Unis a d’abord suscité une levée de boucliers, il aurait surtout permis une remise en question de la justice et du journalisme français.
L’heure est aussi venue pour les critiques américains de dresser le bilan de la 64e édition du Festival de Cannes, qui s’est achevée dimanche soir. Après la déception de l’année passée, tous étaient pour une fois unanime quant au cru 2011 : « le meilleur de ces 25 dernières années » (USA Today), beaucoup de « bons films » au rendez-vous (Huffington Post) et un « nombre record de films salués par la critique qui seront distribués aux Etats-Unis » (Wall Street Journal). D’autant plus que le 7e art américain est plus que bien représenté dans le palmarès de cette année : The Tree of Life de Terrence Malick (dans les salles américaines vendredi) a décroché la Palme d’Or lors de la cérémonie de clôture, « une soirée intense pour le cinéma américain », note le LA Times. Et si les médias américains se sont enthousiasmés pour l’ « irrésistible » Jean Dujardin dans The Artist (prix d’interprétation masculine), ils se sont montrés plus réservés pour le Polisse de Maiween (prix du jury), digne selon eux d’une « série télé américaine » de bas-étage.
« Un festival étrange » presque « éclipsé par des scandales » (l’affaire DSK évidemment, mais aussi de l’expulsion du réalisateur danois Lars von Trier), qui s’en sort donc plutôt bien, conclue le NY Times.
Et comme le veut la tradition, après la dernière montée des marches, ce n’est plus le tapis rouge de la Croisette qui passionne les médias américains, mais la terre battue de Roland Garros. Depuis le coup d’envoi du tournoi dimanche, les pronostics vont bon train, tandis que la polémique sur le projet d’extension du complexe sportif, à laquelle CNN consacre un papier, fait toujours couler de l’encre. Dans le New York Times, un journaliste sportif américain expatrié en région parisienne signe quant à lui un article sur ses « deux décennies de souvenirs » liés Rolland Garros, en forme de déclaration d’amour au tennis, et par la même occasion, à sa femme…
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Tout a fait d’accord!
Lire mon message du 22 mai 2011 au sujet de l’affaire DSK : intitulé : le contraste entre la culture française et américaine.