Revue de presse. Le retour en grâce de la France comme “plus vieil allié de l’Amérique” à la faveur de la crise syrienne occupe bien sûr la presse américaine cette semaine. “Mais comment la France -la France!- est-elle devenue le nouveau sheriff du monde?”, s’interroge le progressiste National Journal.
Ce n’est pas la France qui a changé, explique l’analyste James Kitfield, c’est le monde: la montée en puissance de l’Asie renforcerait, pour la France, la nécessité de l’alliance euro-américaine, d’où ce nouveau volontarisme français, initié sous Nicolas Sarkozy et continué par François Hollande, de la Libye au Mali et désormais en Syrie.
Le problème pour François Hollande est que sa fermeté contre la Syrie lui donne un regain de popularité du mauvais côté de l’Atlantique: en France aussi l’opinion publique est réticente et le président français pourrait bien payer le prix de son alignement sur la Maison blanche soulignent les médias américains. Reprenant l’Associated Press, le site de la radio NPR insiste sur les nombreux appels en France, à un vote du parlement. En décidant d’en déférer à un vote du Congrès, Barack Obama a tendu bien involontairement un piège au président français, devenu le seul leader occidental prêt à s’engager dans l’aventure syrienne sans consulter son parlement.
Toute tourneboulée par ces comportements contre-nature de la France, la presse américaine, et le New York Times en particulier, se réfugient dans les valeurs sûres sur d’autres sujets: la France pays de la protection sociale et du conservatisme rural…
Sur le premier thème, c’est Pamela Druckerman, auteure de “Bringing Up bébé” best-seller à la gloire de l’éducation “la française” qui éditorialise dans le New York Times sur la nécessité pour les Etats-Unis de rattraper leur retard en matière de crèches. Décrivant sa conversion au système français des garderies et des maternelles universelles, Mme Druckerman voit des signes encourageants dans son pays: “De plus en plus d’Etats et de villes développent des programmes d’écoles maternelles dès 4 ans”. Mais ce n’est pas la première fois que les Etats-Unis promettent de développer l’enseignement précoce. “Dans les années 1970, les mêmes efforts avaient été bloqués par les conservateurs, qui assuraient que s’il devenait trop facile pour les femmes de travailler, la famille traditionnelle était vouée à disparaître”. Entre temps, le travail des femmes a de toute façon explosé aux Etats-Unis. C’est le moment, encourage l’éditorialiste, d’imiter les Français!
Le terroir passe à gauche
Toujours dans le New York Times, Steven Erlanger se penche sur l’amour très français pour “le terroir” (en français dans le titre). Il s’est rendu dans le Tarn pour y découvrir l’engouement des jeunes générations pour les traditions et le retour à la terre. “Le concept de terroir, qui s’applique bien au-delà de l’univers du vin, est quasiment intraduisible en anglais, explique-t-il: un mélange de sol, de météo et des notions d’authenticité, de particularisme…”
M. Erlanger note que le terroir et l’authenticité ont envahi le marketing, et servent à vendre dans les supermarchés. “Mais l’importance du terroir dans l’identité française ne peut être sur-estimée” assure-t-il. D’autant que ce concept, “de droite à l’origine”, est désormais repris par une génération “qui se considère de gauche et s’oppose à la globalisation et aux pesticides”. Bref, conclut le journaliste du Times, le retour du terroir est une alliance entre les paysans et le Bobos, prêts à payer plus pour cette “indéfinissable authenticité”.