Libérés, déconfinés mais épuisés ! La vie en autarcie a mis nos batteries à plat. Impossible de décoller de notre oreiller pour mettre le nez dehors alors que nous avons tous des fourmis dans les jambes à force d’être restés cloîtrés entre quatre murs pendant deux mois. Depuis notre délivrance, certains traînent les pieds pour sortir de leur cage dorée, alors que d’autres bâillent aux corneilles sous leur masque en se rendant au travail, et regrettent d’avoir abandonné leur couette pour huit heures de stress. Physiquement, nos artères ont vieilli de vingt ans et nos muscles sont comparables à de la guimauve. Mais pas de panique, car ce constat n’a rien de plus normal selon le corps médical. Voici cinq conseils pour reprendre des forces et afficher une forme olympique d’ici à l’été.
Reprendre une activité physique
« Pour être bien dans sa tête, il faut être bien dans sa peau. Le corps doit d’abord reprendre vie. C’est pourquoi je recommande toute une série d’exercices de remise en forme que l’on peut faire chez soi », explique Thierry Boulier, entraîneur sportif. Ce dernier préconise de monter et de descendre son escalier (si l’on en a un) plusieurs fois de suite pendant dix minutes par jour, à différents moments de la journée pour éviter des jambes lourdes. Il conseille aussi des pompes pour travailler ainsi les triceps. Pour cela, ne pas hésiter à transformer son salon en salle de sport et tirer ainsi partie de l’espace pour travailler ses muscles, s’échauffer et pratiquer une série d’abdos-fessiers. Pour éviter de baisser la garde et de relâcher toutes ces tensions accumulées, il suggère aussi d’instaurer aussi des rituels relaxants en fin de journée comme le yoga, des automassages ou un bain chaud. La professeure Lili Barbery-Coulon propose d’écouter le mantra Ra Ma Da Sa de Soneiro Collective, et de pratiquer un yoga nidra, autrement dit un bain sonore hypnotique pour se relaxer, booster sa dopamine et sa créativité.
Retrouver de bonnes habitudes alimentaires
« Il faut également retrouver un équilibre alimentaire adapté à notre rythme quotidien. Si le confinement nous a poussé au grignotage pour combler ce manque de liberté, il est nécessaire de réduire cet apport calorique et perdre quelques kilos pour être plus efficace », observe Astrid Heratchian, naturopathe. La cuisine à la vapeur, en papillote, à l’étuvée est à privilégier. En cette période printanière, elle recommande les fruits secs et les petits légumes, tout en indiquant qu’il faut réduire le plus possible les féculents à midi. En cas d’envies et de petits creux liés au stress, elle suggère de faire quelques respirations ventrales ou de se brosser les dents. Les fruits rouges sont particulièrement intéressants pour le système veineux, et les aliments riches en fibres – comme les haricots ou le riz complet – donnent une sensation de satiété qui se fait sentir plus vite, selon cette experte. Les crudités sont bien sûr à l’honneur dans ce menu, sans oublier les grillades. L’asperge, le chou-fleur, la carotte ou encore le fenouil vous permettront de retrouver un transit intestinal normal, si toutefois les repas sont pris lentement et à heure fixe.
Recaler l’horloge biologique
Le manque de motivation, d’énergie et les troubles du sommeil mettent le corps et le mental à rude épreuve. En conséquence, une grosse fatigue nous a envahi et dormir plus n’est pas forcément une bonne solution. Selon le docteur Antoine Mesnard-Duvroux, neuropsychologue au MD Anderson Hospital à Houston, il faut prévoir le déroulement de sa journée : les temps d’activités répartis entre le travail, les loisirs, les taches ménagères ou le rangement. « L’horloge biologique a besoin de se recaler sur une normalité. Pour cela, il faut se lever à heure fixe et adopter une routine matinale ; et le soir, garder un rythme avec une lecture, un film, sans empiéter sur la nuit de sommeil », explique ce dernier. Il faut s’accorder aussi une pause détente en musique ou avec ses enfants, bricoler ou jardiner pour relâcher le cerveau et retrouver un épanouissement dans son activité. Car le manque d’extérieur est une autre cause indéniable de notre épuisement. « Le soleil, source de vitamine D, et la lumière naturelle corrélée à la sortie de l’hiver sont essentiels pour régler notre corps. Ils ont une incidence sur le sommeil, l’humeur et l’énergie », insiste t-il.
Rétablir une connivence émotionnelle
Même si votre podomètre affiche zéro au compteur au sortir du confinement, ce n’est pas forcément le cas de nos émotions. Le déferlement de peurs énergivores – comme la peur de mourir, la peur de perdre un proche ou tout simplement la peur économique – ont fragilisé notre équilibre. Pour y remédier et reprendre confiance en nous, il faut rétablir une connivence émotionnelle, c’est-à-dire planifier à nouveau des voyages, des évènements dans le futur, avoir des projets personnels mais aussi professionnels. Selon ce médecin, il faut retrouver un cercle familial et amical et reconstruire des automatismes impératifs pour notre moral. Retrouver des joies simples, des petits bonheurs qui nous permettent de nous resynchroniser avec la réalité. « Se projeter est le meilleur moyen pour se réadapter », souligne Antoine Mesnard-Duvroux.
Prendre soin de soi
Cette léthargie forcée a aussi endommagé notre capital physique, ce qui a le plus souvent participé à nous déprimer. Pour le docteur Alexandra Carrère, dermatologue à l’hôpital Memorial Hermann Hospital à Houston, l’aspect physique est primordial. « A tous les âges, c’est un reflet de nous-mêmes, comme un miroir qui indique notre bien-être. Il ne faut pas avoir peur de le traiter selon nos goûts. Les massages, les traitements de la peau, les soins particuliers, tout ce qui peut améliorer notre apparence doit être entrepris car il est vecteur d’équilibre », explique ce médecin dont le carnet de rendez-vous est plein pour les quatre mois à venir. Coiffeur, maquillage, gommage, masque, pédicure et manucure sont aussi plébiscités pour transfigurer la personne et souvent vécus même comme une thérapie. En fin de compte, le plus important est de s’aimer à nouveau et de sortir de ce cauchemar.