Arnaud Hoedt rêve depuis longtemps de découvrir New York. Par un drôle de tour du sort, c’est le coronavirus qui va lui permettre, avec son compère Jérôme Piron, de se produire pour un public new-yorkais, mais sans mettre les pieds dans la grosse pomme. Les deux comédiens joueront leur spectacle “La Convivialité” pour le FIAF, mais pour une représentation en ligne, le 22 avril à 5pm.
L’idée est de Courtney Geraghty, la directrice artistique du FIAF, pour tenter de faire survivre une saison culturelle au milieu de la crise du coronavirus. Elle a donc invité pour un “zoom-show” ce duo de Belges qui font rire avec le plus inattendu des sujets: l’orthographe. Anciens professeurs de français, ils ont imaginé ce spectacle que la langue française est sans doute la seule au monde à pouvoir produire. Et ça marche: depuis deux ans, ils circulent à travers toute la France -et ailleurs en francophonie- pour faire rire de la dévotion incongrue de notre culture pour la l’orthographe. Ils sont aussi devenus chroniqueurs sur France Inter.
Tout a commencé, raconte Arnaud Hoedt, “lorsque nous étions profs et que nous voulions transmettre ce que nos études de linguistiques nous avaient apprises -que la complexité de l’orthographe française n’a rien à voir avec le respect de la langue. Nous nous sommes rendus compte que c’était impossible, qu’il y avait un attachement fou à ces règles tout simplement parce que les gens confondent la langue et l’orthographe”. Chemin faisant, Hoedt et Piron sont devenus les porte-étendards de la simplification de l’orthographe, mais ils sont surtout des comédiens qui amusent avec talent de l’absurdité des dogmes orthographiques. On apprend, au passage, que Molière écrivait “misantrope” sans “h”, que les règles byzantines de l’accord du participe passé employé avec l’auxiliaire avoir avaient du sens quand les moines copistes étaient les seuls à écrire et que la sacro-sainte étymologie n’est souvent qu’un prétexte pour créer un fossé entre les élites et le peuple. Mais surtout ils font rire, aussi bien les nostalgiques de la dictée que les traumatisés du c cédille.