Elle était la traductrice forcée du docteur Josef Mengele. Cet officier allemand, surnommé “Ange de la mort”, réalisa diverses expérimentations médicales meurtrières sur de nombreux détenus des camps. Aujourd’hui, Maryla Michalowski-Dyamant est le personnage principal du documentaire “NANA”. Il sera présenté à partir du vendredi 13 avril au Cinema Village.
Dans ce documentaire, l’histoire de cette rescapée des camps de la mort de Ravensbrück, Malchow et Auschwitz, est racontée par sa fille, Alice Michalowski, et sa petite-fille, Serena Dykman. Cette dernière, une Française de New York âgée de 26 ans, est aussi la réalisatrice du documentaire. Les deux femmes se sont rendues dans les endroits marquants de la vie de Maryla Michalowski-Dyamant, à la rencontre des personnages qui l’ont connue. Il en ressort un témoignage poignant sur cette rescapée qui a consacré sa vie d’après-guerre à parler publiquement de son sort aux jeunes, afin que l’horreur de l’Holocauste ne soit jamais oubliée ou répétée.
A travers ce projet, Serena Dykman veut relancer le combat de sa grand-mère, qu’elle a toujours surnommé “Nana”. « J’ai perdu ma grand-mère quand j’avais 11 ans et je savais qu’elle était rescapée des camps. Mais avant cet âge-là, on ne comprend pas vraiment ce que ça veut dire. Puis elle est décédée et, pendant une dizaine d’années, je n’y ai plus du tout pensé ».
Elevée entre Paris, Londres, Bruxelles et New York, Serena Dykman voyageait depuis quelques années avec le mémoire que sa grand-mère a écrit à la fin de sa vie. N’ayant jamais eu le courage de l’ouvrir, c’est après avoir été témoin des attaques terroristes au Musée Juif à Bruxelles et présente à Paris le jour des attentats contre Charlie Hebdo qu’elle décide de le lire. « Ces attaques m’ont touché personnellement car elles ont pris place dans les villes où j’ai grandi, se souvient-elle. J’ai lu le mémoire et j’étais très fâchée parce que j’avais tout à coup tellement de questions à poser à ma grand-mère mais que je ne le pouvais plus. J’étais fâchée parce qu’elle avait fait un travail tellement remarquable et elle n’était plus là pour le faire ».
Réalisatrice, productrice, scénariste, Serena Dykman s’est installée à New York en 2010. Ses deux parents, cinéastes aussi, lui ont transmis la passion et l’amour du 7ème art. Adolescente, elle s’inscrit à des cours de théâtre. Mais une formation à Londres va l’orienter vers le cinéma. Elle part étudier à la Tisch School de NYU.
Sa grand-mère était une activiste contre l’intolérance, le racisme et l’antisémitisme, mais dotée aussi d’un grand sens de l’humour, selon elle. « La majorité des survivants ne sont plus là pour faire ce travail et, dans quelques années, il n’y en aura plus du tout. Je me suis donc sentie investie d’une mission ». À la fin de son dernier semestre à NYU, la jeune cinéaste décide de commencer le tournage de “NANA”. Elle a reçu plus d’une centaine de témoignages de la part d’institutions et d’individus ayant connu sa grand-mère. « J’ai pu découvrir ma grand-mère quatorze ans après son décès grâce à ces archives vidéo ».
La cinéaste espère grâce à son film toucher un public jeune. “Mon but depuis le début est de l’amener aux nouvelles générations, dans les écoles, dans le circuit de l’éducation, qu’il soit utilisé comme outil pédagogique. Je serais heureuse qu’il soit vu par des gens entre 12 et 120 ans, et en dehors de la communauté juive”.