Glendale (AZ) accueille ce dimanche le Super Bowl LVII opposant les Philadelphia Eagles aux Kansas City Chiefs. Si les téléspectateurs du monde entier attendront avec impatience les spots publicitaires de la mi-temps et la prestation de la chanteuse Rihanna, d’autres comme Junior Aho et Wilfried Pene scruteront attentivement le terrain en se disant que ce sera sans doute bientôt leur tour.
Les deux Français partagent beaucoup de points communs. Ils ont tous les deux pratiqué des sports de combat dans leur enfance, avant de découvrir le football américain sur le tard, à respectivement 15 ans pour Junior Aho et 14 ans pour Wilfried Pene. « Un ami jouait au football US dans le club des Aigles Rouges de Nice. J’ai été séduit par l’esprit d’équipe et le jeu qui demande un mélange de physique, technique et beaucoup de tactique », explique Junior Aho, 23 ans. « J’ai débuté à Tours avec le club des Pionniers de Touraine. J’ai très vite progressé, au point où mes coaches m’ont conseillé d’intégrer le pôle France à Amiens en 2016, qui forme les meilleurs espoirs du pays », raconte Wilfried Pene, qui a eu 22 ans en décembre.
Junior Aho n’est resté que quelques semaines dans un pôle espoir privé à Montpellier, avant de rejoindre le club des Blue Stars de Marseille, où il a signé en 2017, à l’âge de 17 ans. Un tremplin vers l’Équipe de France Junior où il a rencontré Wilfried Pene, sélectionné lui aussi. « Wilfried, c’est mon gars sûr. On a été vice-champions d’Europe ensemble en 2017 », raconte celui qui culmine à 1,91m pour 120 kg. J’ai ensuite été surclassé en équipe de France senior avec qui nous avons gagné la Coupe d’Europe en 2018. »
L’espoir d’une carrière dans le football américain passe évidemment par les États-Unis. Mais avant d’espérer intégrer une université, il faut déjà se mettre au niveau scolaire. « J’ai atterri en janvier 2019 à l’institut militaire du Nouveau Mexique à Roswell. Je ne parlais pas un mot d’anglais, ça a été très difficile au début, se souvient Junior Aho. J’ai redoublé d’efforts pour avoir mon diplôme en seulement trois semestres, ce qui m’a ouvert les portes de la Southern Methodist University de Dallas (SMU), qui évolue en Division 1 (le meilleur niveau national) ». Les JUCO, abréviation de Junior Colleges, sont des établissements moins chers et plus accessibles que les universités américaines traditionnelles. Elles permettent aux jeunes en manque de moyens ou en difficulté scolaire de se mettre à niveau pendant un ou deux ans, avant d’espérer rejoindre un établissement plus prestigieux.
Champion de France de Division 2 avec les Spartiates d’Amiens en 2018, Wilfried Pene a choisi de rejoindre les États-Unis dès le lycée. « Je cherchais à jouer à un niveau encore supérieur, alors j’ai rejoint Saint Thomas Moore dans le Connecticut, pour mes deux dernières années de lycée », explique le jeune tourangeau qui mesure 1,91m pour 132 kg. « J’ai eu la chance de pouvoir à la fois jouer au foot et me remettre à la lutte, car les deux saisons n’empiétaient pas l’une sur l’autre. J’ai fini parmi les meilleurs nationaux en catégorie poids lourd ». Les exploits physiques de Wilfried Pene vont finalement taper dans l’œil de la prestigieuse université de Virginia Tech (Division 1), qui lui offre une bourse d’études en 2020.
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Rejoindre une équipe de football universitaire n’est que le début du parcours du combattant, entre les blessures et la concurrence omniprésente dans les effectifs. « J’ai beaucoup joué dès ma première année, puis plus du tout, avant de changer de poste ma troisième saison », commente Junior Aho, qui vient d’obtenir son diplôme (senior year), et s’est installé comme un joueur titulaire sur la ligne défensive (defensive line), évoluant entre les postes de defensive tackle et defensive end. « J’ai été assez performant pour être sélectionné parmi les 12 plus gros potentiels internationaux par la NFL. J’ai intégré l’International Player Pathway Program le 19 janvier, qui est un camp d’entraînement de dix semaines qui nous prépare à intégrer une équipe professionnelle ».
Concrètement, quatre ou cinq joueurs seulement seront sélectionnés pour intégrer des équipes d’entraînement de NFL au bout du programme, où ils devront de nouveau prouver qu’ils peuvent intégrer l’équipe première. « Je suis confiant car je suis l’un des plus expérimentés du programme. Je commence à toucher mon rêve du doigt », estime Junior Aho.
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Wilfried Pene vient de terminer sa deuxième saison à Virginia Tech (Sophomore), où il avait été recruté en tant que joueur offensif (tight end), avant de remplacer plusieurs blessés sur la ligne défensive aux postes de defensive end et defensive tackle. « J’ai gagné ma place en défense aujourd’hui, et les entraîneurs me disent que j’ai des chances pour la draft l’année prochaine si je continue comme ça », explique le Français de 22 ans. « Mais je ne veux pas y aller pour y aller. Mon objectif est d’obtenir un bon choix de draft, quitte à attendre jusqu’à 2025 », ajoute-t-il.
Junior Aho se laisse également la chance d’être sélectionné à la draft dès cette année, qui aura lieu du 27 au 29 avril à Kansas City. Il devra marquer les esprits début mars aux Pro Days, des journées de tests physiques et techniques organisées par les franchises NFL. « Ça me laisse plusieurs opportunités et de vraies chances, car mes performances athlétiques sont au-dessus du lot », explique le Niçois. Rejoindre la plus grande ligue de sport au monde serait un exploit pour nos deux Français, puisqu’aucun tricolore ne joue actuellement en NFL, et que le dernier à y avoir goûté était Richard Tardits en 1992 avec les New-England Patriots.