Parler de leur génération en chanson, dans un clip de 4 min 20. Voilà le défi que se sont lancés Edouard Carretié et Félix de Givry, deux étudiants de Sciences Po, actuellement en troisième année d’échange à UCLA et à l’UCSB, l’université de Santa Barbara en Californie.
Du haut de leurs 20 ans et des poussières, les deux amis font partie de ce que certains sociologues et spécialistes des médias appellent aujourd’hui la génération Y, celle des 18-30 ans. “Ce qui nous caractérise, c’est que notre génération est la première dont les membres sont réellement nés avec Internet. Aujourd’hui, contrairement à la génération précédente qui a du fournir de gros efforts pour se mettre à la page, nous sommes capables de nous adapter presque naturellement aux changements technologiques qui surviennent très vite, explique Félix, déjà auteur avec Edouard, de plusieurs autres clips pour la CNIL et le collectif des soirées parisiennes branchées Pain Surprises.
L’idée de réaliser un clip pour et par la génération Y est née d’un constat : cette tranche d’âge, du fait de son caractère hétéroclite, est peu analysée et reconnue comme un groupe en tant que tel. “Lorsque les gens plus âgés en parlent, ils en parlent mal. Nous voulions que pour la première fois, la génération Y puisse parler directement d’elle-même et qu’elle permette aux jeunes de cerner ce qui les relie, afin de créer des connections entre eux”, souligne Edouard.
2012, début d’une nouvelle ère
Basée sur une chanson intitulée “My Generation” (écrite par le groupe d’électro-rock parisien Amour Versus), ce clip vidéo, dont le tournage doit démarrer fin avril, évoque à coups de flash-backs et de transitions originales, différents moments clefs dans la vie d’une personne, miroir de la Génération Y. Joué par Félix Armand (qui vient de finir le tournage du dernier film d’Olivier Assayas, “Après Mai”), le personnage principal est filmé à l’âge d’enfant, d’adolescent et d’adulte. Le clip, qui s’intitulera “Generation Wh(y)”, évoque un certain nombre de références culturelles ( Internet, Facebook, etc.) et différents thèmes spécifiques à la génération des 18-30 ans : le divorce des parents, la pornographie à la portée des pré-ados, les drogues, la prise de conscience de l’âge adulte qui intervient plus jeune, un monde où tout change très rapidement et en permanence, etc. “Il ne s’agit pas du tout d’une critique ou d’un clip politique, mais davantage d’un tableau dans lequel chaque personne appartenant à la génération Y peut se reconnaître à un moment donné ou à un autre de la vidéo, souligne Félix. D’ailleurs la fin est plutôt positive. Nous voulons rompre avec cette tendance récente qui nous promet la fin du monde à tout bout de champ. Au contraire 2012, c’est le début d’une nouvelle ère, où notre génération doit prendre conscience qu’elle peut se connecter à elle-même. Que nous avons la possibilité de nous connaître les uns les autres”.
Edouard et Félix travaillent sur le projet depuis plusieurs mois. Ils ont monté une petite équipe : en plus de l’acteur principal, ils ont eu recours à une jeune productrice américaine, Alexandra Spector, qui se chargera d’organiser le tournage. La scène finale doit notamment être filmée dans le désert, quelque part au sud de Los Angeles, où l’équipe est déjà partie en repérage. Côté finances, les deux vidéastes ont réussi à récolter la totalité des fonds nécessaires à la réalisation de leur clip (environ 7 000 dollars), grâce au site américain Kick Starter, qui permet à de jeunes talents de lever des fonds en ligne, grâce au soutien d’internautes. Pas de doute. La Génération Y a de l’avenir.