L’Alsace colonise le nord de l’Upper East Side, quartier autrefois surnommé “Germantown”. Après la Tarte Flambée, inaugurée près du Café d’Alsace, le restaurant et bar à vins Frère de Lys a ouvert ses portes fin mai dans le même périmètre. Derrière le comptoir, Alexis et Thibaut Piettre, deux frères trentenaires qui ont voulu rendre hommage à leurs racines alsaciennes. Ils vivent à New York depuis dix ans.
“L’esprit, c’est le bar-resto simple de quartier, avec un menu qui change selon les saisons. On fera des mois Provence, des mois Savoie, des mois Alsace. On aura toujours des produits frais, en fonction des arrivages”, explique Thibaut Piettre, grande-gueule sympa et affable, qui ne veut “surtout pas jouer la concurrence avec les restos voisins”.
Le nom du lieu a été trouvé facilement. “Frère de Lys, c’est un clin d’oeil à la famille et aux rois de France, car c’est à cette époque que la gastronomie à la française a commencé”, affirme Thibaut, montrant sur son avant-bras un grand tatouage représentant la fleur royale. Son frère Alexis possède le même.
Tout le clan Piettre a été impliqué dans le lancement de Frère de Lys : l’autre frère cadet, qui travaille comme serveur à New York ; le père, qui a refait les peintures ; et la femme de Thibaut, qui file un coup de main pour la comptabilité. La belle-mère a apporté sa patte pour l’élaboration du menu – une sélection de valeurs sûres, façon bistrot : planches de fromages et de charcuteries, tartines, plats du jour, salades, longue carte de vins… Les deux frères prépareront aussi des cocktails, derrière le grand bar en bois qui trône au milieu de la pièce.
“L’aspect salle et restauration, on maitrise, et pour l’instant, la salle se remplit bien. Parfois un peu trop !” sourit Alexis Piettre, pourtant habitué des cadences infernales. Lui et son frère travaillaient jusqu’ici comme serveurs et managers de bars à La Petite Abeille et au BXL, deux chaines appartenant à des propriétaires belges. “J’ai bossé de nuit pendant 10 ans. Là, je suis bien content d’avoir enfin mon endroit”, affirme ce jeune père, qui, pour soutenir ce projet, a trouvé deux investisseurs américains.
“Au début, on visait East ou West Village. Mais on a changé d’avis en cours de route – c’était trop cher, et ce n’était pas l’ambiance que nous voulions. Ici, c’est familial, résidentiel, sympa. Les gens du quartier sont contents de notre arrivée”, remarque Thibaut Piettre, qui vit, comme son frère, dans le coin.
Il suffit de passer quelques minutes chez Frère de Lys pour s’en convaincre : les passants entrent, demandent le menu, passent une tête pour dire bonne chance. “C’est un quartier qui monte, avec de plus en plus d’adresses sympas.” Comme Frère de Lys.