Fred Leblanc est normand, mais ses histoires voguent bien au-delà de l’Atlantique. Après un passage en Louisiane en 2024, cet artiste-conteur passionné, auteur et formateur, spécialiste des récits d’Amérique du Nord, enchante la côte Ouest jusqu’au samedi 15 mars. De Seattle à San Francisco, il fait résonner la langue française dans les écoles bilingues et francophones des deux villes et participe aux « French American Cultural Days » au Lycée français de San Francisco. Dans ses valises, il apporte toute la richesse de l’oralité et de la tradition vivante du conte.
Si Fred Leblanc a fait du conte son métier depuis 2018, sa passion pour cet art remonte bien plus loin. C’est dans une librairie « blottie au cœur granitique de Cherbourg » qu’il découvre cet univers et se laisse envoûter par la magie des récits. Inspiré par le grand conteur français Bruno de La Salle, il décide de faire du conte son chemin de vie. Sa quête de savoir le mène au CLiO (Conservatoire contemporain de Littérature Orale) à Vendôme, où il se forme auprès de figures majeures du conte, telles que Mimi Barthélémy et Jihad Darwiche. Mais c’est avant tout la conteuse Catherine Zarcate qui joue un rôle clé dans sa formation, en l’initiant à l’importance du respect des sources et à la rigueur nécessaire dans le travail de transmission orale. Grâce à elle, Fred Leblanc fait ses premiers pas dans le monde des conteurs professionnels, où il se forge une identité singulière.
Formé à bonne école, le Normand façonne son style en alliant tradition et modernité, s’appropriant les récits avec rigueur et finesse. Son approche ? Se faire discret derrière le conte pour en laisser émerger toute la force et la poésie, transformant chaque histoire en un voyage captivant à travers les âges et les continents. Par la magie des mots, des gestes et la musicalité de la langue française, il fait du conte une danse verbale où chaque mot, chaque inflexion, chaque silence se fait mélodie.
De festivals en échanges universitaires, d”écoles en médiathèques, d’institutions culturelles en scènes de théâtres, Fred Leblanc partage avec passion son art de la narration. À travers ses récits, il tisse des ponts entre les générations et les cultures, créant des espaces où les histoires prennent vie et nourrissent l’imaginaire de son public. Dans ses spectacles, il aime offrir des niveaux de lecture multiples, comme dans Même pas peur ! Quoique…, qu’il présentera à Seattle et à San Francisco.
Né d’une commande de contes fantastiques pour adultes, ce seul-en-scène explore la peur avec une touche singulière. À travers la figure de la sorcière, souvent perçue comme maléfique, il en dévoile une facette insoupçonnée. « C’est une défense de la figure féminine ! » explique-t-il, soulignant que la sorcière, bien que redoutable, a des raisons profondes pour agir ainsi. Une histoire qui captivera aussi bien les enfants que les adultes. « Créer des récits accessibles à tous m’est cher », conclut-il, mettant en avant l’universalité de son art.
Dans un monde saturé d’images et de récits instantanés, le conte a-t-il encore sa place ? Pour Fred Leblanc, la réponse est claire : l’oralité reste essentielle. « Raconter, c’est inviter les autres à voir le monde autrement », affirme-t-il. À une époque où tout s’accélère, le conte offre une pause, un temps suspendu où l’imaginaire reprend ses droits et où des liens uniques se créent. Le conteur, passeur d’histoires, façonne pour son public un espace hors du temps, loin des écrans.
Depuis 2007, Fred Leblanc s’est immergé dans les contes autochtones d’Amérique du Nord, en se concentrant particulièrement sur la figure du joueur de tours. Des personnages astucieux tels que Compère Lapin en Louisiane ou Carcajou dans le subarctique canadien incarnent la ruse et la résilience. À travers eux, il explore la capacité humaine à défier le destin et à survivre grâce à la malice. « Utiliser la ruse pour s’en sortir, c’est tout un art ! », assure-t-il.
L’aptitude des joueurs de tours à déjouer les pièges du sort, tout en affrontant leurs propres failles, confère à ces récits une profondeur unique, mêlant comique et tragédie. Ce travail, imprégné de sagesse et d’humour, a fait de Fred Leblanc une référence dans son domaine. Son art est désormais reconnu par plusieurs universités canadiennes et américaines, qui l’invitent régulièrement à collaborer avec des enseignants et des étudiants, notamment dans le cadre d’échanges académiques.
Fred Leblanc a débuté sa tournée à Seattle du 8 au 13 mars, avec une série d’ateliers dans quatre écoles bilingues et francophones : l’École bilingue les Lilas, North Seattle French School, French American School of Puget Sound et French International School of Washington, avant de présenter son spectacle. Puis cap sur San Francisco à partir du samedi 15 mars, pour participer aux French American Cultural Days au Lycée Français, où il présentera sa création originale Même pas peur ! Quoique…. Il interviendra aussi dans plusieurs écoles de la baie (Silicon Valley International School, International School of SF) et contera à l’Alliance Française de Los Gatos. Place à l’imagination !
Pour plus d’informations : Le site de Fred Leblanc
French American Culture Days le 15 mars au Lycée Français de San Francisco