La France aime envoyer des enseignants à l’étranger, mais elle veut aussi qu’ils reviennent. C’est l’objectif d’une circulaire publiée au Bulletin officiel de l’Education nationale le 13 septembre.
Le texte, qui doit entrer en vigueur à la rentrée 2019, limite à six années consécutives la durée pour laquelle un.e enseignant.e peut être détaché.e dans un établissement français à l’étranger. But de cette mesure: favoriser la mobilité des personnels et s’assurer que les enseignants ne restent pas à l’étranger alors que certaines académies en France font face à une pénurie. “On comprend le besoin en France. Les recteurs n’avaient pas de visibilité”, concède François Normant, président de la Fédération des associations de parents d’élèves des établissements d’enseignement français à l’étranger (FAPÉE).
Jusqu’à présent, les renouvellements de détachements étaient quasi-automatiques, ce qui faisait que certains enseignants passaient de longues périodes à l’étranger, voire ne rentraient pas.
Pour François Normant, cette limitation peut avoir du bon. “Le fait que les enseignants restent longtemps limite le nombre de nouvelles candidatures et le dynamisme des établissements, estime-t-il. Aujourd’hui, la durée moyenne sur le même poste est de 7,29 années. Mais il y a de grosse disparités régionales. En Amérique du Nord, on dépasse 8,95 années. En Afrique, on est en-dessous des six“.
La décision du Ministère a été critiquée par le SGEN-CFDT et le SNES-FSU, deux syndicats de l’Education nationale. “Cette limitation de la durée du détachement imposée de manière arbitraire par le Ministère signifie donc, ni plus ni moins, la disparition à terme des personnels « résidents »… qui résident ou dont le conjoint réside dans le pays“, avance le second.
Pour les établissements français en Amérique du Nord, la circulaire devrait avoir un impact limité car le réseau d’établissements homologués (reconnus par l’Education nationale), fait historiquement l’objet d’une forte demande de la part des enseignants. “La zone est très attractive. On a un pourcentage d’enseignants titulaires très élevé, bien supérieur à ailleurs dans le monde”, raconte Bertrand Ferret, proviseur de la Dallas International School et directeur du chapitre américain de la Mission Laïque Française (Mlf), un réseau qui regroupe 109 écoles dans le monde.
Pour le chef d’établissement, la limitation de la durée des détachements rappelle que les établissements français à l’étranger ne pourront pas toujours compter sur l’envoi d’enseignants titulaires de France. L’heure doit être au développement de solutions locales. “C’est inévitable, dit-il, surtout quand on sait que la France se cherche des enseignants pour remplir l’objectif d’Emmanuel Macron de doubler le nombre d’élèves scolarisés dans les écoles françaises à l’étranger d’ici 2030. “À la Mission laïque française, on a anticipé le changement. On a développé des formations qualifiantes locales. On a un dispositif qui permet de qualifier et certifier les enseignants non-titulaires de manière qualitative. Cela permet de combler l’absence de détachements”.