Avant, Nicolas Chignardet était trader et gestionnaire de fortune en Suisse. Mais après dix ans dans un univers aux “perspectives restreintes et dans une ambiance parfois malsaine“, le Chartrain de 37 ans quitte la banque en 2015 et s’installe à Boston avec sa compagne, post-doctorante au MIT (Massachusetts Institute of Technology).
Intéressé par une reconversion dans le textile, Nicolas Chignardet se souvient de l’effondrement de l’usine du Rana Plaza au Bangladesh deux ans plus tôt, qui avait coûté la vie à plus d’un millier de travailleurs. Il ressent alors le besoin viscéral de changer l’industrie textile, dans laquelle “les conditions de travail sont souvent désastreuses”, et qui représente “la deuxième cause de pollution mondiale après le pétrole“.
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Fin 2015, le Français commence à structurer son projet. Il se rend au Pérou pour visiter des usines, rencontrer des fournisseurs puis lance sa première production. Origamo voit officiellement le jour en novembre 2016. La marque propose des polos homme biologiques, disponibles en trois coloris: rouge, blanc et bleu. Certifié USDA Organic, le coton Pima péruvien utilisé par Nicolas Chignardet est l’un des plus doux et fins au monde. “C’est un coton qu’on appelle “ELS” (Extra Longs Staples). Ses fibres sont très longues et résistantes. On en trouve seulement deux autres de cette qualité, un aux USA, et l’autre le long du Nil en Egypte”.
Chez Origamo, ne cherchez pas le label, il n’y en a pas. Contrairement au bio où l’appellation est conditionnée par l’obtention d’un label, la définition du commerce équitable est plus floue. Si des labels existent, ils demandent des participations et garanties financières importantes à leurs membres, ce qui favorise les grosses entreprises selon Nicolas Chignardet. “Adhérer à un label n’est pas la seule façon de produire responsable. Je ne suis pas contre, mais je dis qu’il y a d’autre voies pour produire de manière éthique. Pour moi, payer et fournir des conditions de travail qui améliore la vie des gens devrait être une exigence des marques”. Une étape que le Français a fait lui-même. En se rendant sur les sites de production au Pérou, il a rencontré les ouvriers des usines pour s’assurer qu’ils travaillaient dans de bonnes conditions, et a sélectionné des usines proposant de vrais contrats à ses employés, dans un pays où “70% du travail est fait au noir“.
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En novembre 2016, les premiers polos arrivent du site de production au Pérou. Au même moment l’ancien banquier levait des fonds grâce à un financement participatif et vendait ses premiers modèles principalement en Europe. Depuis, il se concentre sur la vente en ligne aux USA. “J’ai choisi de faire de l’homme car il y a très peu de vêtements homme organic et fair trade aux USA. Ce sont des thématiques qui sont plus “girly”, même si les choses changent.” L‘entrepreneur cherche désormais à trouver des partenaires pour vendre en boutique, même si le textile bio a du mal à trouver preneur. “C’est plus simple avec la nourriture bio car il y a un bénéfice direct sur le consommateur”. A l’avenir, le Français rêve de devenir assez gros pour influencer les producteurs, et passer à une industrie textile qui respecte la planète et les travailleurs.
Tout jeune entrepreneur, Nicolas Chignardet considère que “le marché américain est immense et qu’il est facile de se lancer. Mais il est aussi ultra-compétitif même dans un secteur de niche comme le mien”. A titre personnel, il aime le côté “foufou des USA” même s’il avoue ne pas être tombé amoureux du mode de vie. “Les gens travaillent trop, beaucoup trop”.