Un interphone sur la 20th Street. Une voix qui vous demande, énigmatiquement, de monter jusqu’au dernier étage, où vous pénétrez dans un couloir obscur. Au mur: une flèche pointe vers la droite en direction de “La prison” et une autre à gauche vers “L’hôtel hanté” .
Ce sont les deux “Escape Room” imaginées par le Français William James, un ancien chef de pub à DDB qui vient de lancer BrainXcape, un concept qui surfe sur le créneau des jeux d’énigmes immersifs. Le principe: un groupe de joueurs enfermé dans une salle doit dénicher des indices dans le décor (tableaux, livres, objets en tout genre…) et résoudre des énigmes qui les mèneront vers la clef de la porte. Ils ont une heure pour remonter la chaîne d’indices. “Il y a peu d’activités où on peut jouer en famille ou entre amis de manière intelligente. Il y a le laser quest, mais ça ne fait pas vraiment réfléchir. BrainXcape est un jeu intelligent, ludique, dans un environnement qui change du quotidien” , explique le jeune homme, assis dans la salle de commande d’où les maîtres du jeu observent et écoutent les joueurs pour les guider en cas de besoin.
Le Parisien découvre l’univers des “Escape Rooms” lors d’un réveillon en famille à Budapest. “C’était en tête des listes d’activités sur TripAdvisor. C’était un truc différent, ça nous a attirés” , explique-t-il. Enfermé avec ses parents “dans une cave” dont ils devaient sortir, William James a le déclic. “Je me suis dit que c’était ce que je voulais faire. Le soir même, un 31 décembre, j’ai écrit toutes les énigmes sur une feuille. Il y en avait une trentaine” .
Un peu plus d’un an plus tard, il avait quitté son job dans la pub et se consacrait à la conception de ses premières salles, imaginant des “puzzles” , les testant sur des amis chez lui, jouant à des Escape Room en ligne. Expatrié depuis six mois à New York avec le reste de sa famille, le Français se met à la recherche d’un local. Malgré la popularité du concept à New York, la quête n’est pas simple. “Les landlords étaient frileux. J’ai eu je ne sais pas combien d’e-mails me disant d’aller plutôt chez Disney!”
Aujourd’hui, BrainXcape propose deux salles: une cellule de prison inspirée du film “Alcatraz”, et une chambre d’hôtel lugubre, où la radio s’allume toute seule et des bruits de pas viennent surprendre les joueurs. Cette dernière est basée sur “Shining” . “Je voulais me concentrer sur l’aspect exploration du cerveau, plutôt que le côté physique. Il y a de la fouille, mais il faut surtout se creuser la tête” . Pour se distinguer de la concurrence, il a mis le paquet sur les décors, conçus par les designers de Sleep No More et de Headless Horseman, une maison hantée géante située à Ulster Park (New York). “On veut se spécialiser dans le côté immersion. Nous ne voulons pas faire des salles d’horreur, mais jouer avec l’aspect flippant. Il y a peu d’Escape Rooms qui font ça” .
Cette première “Escape Room française“, financée par William James et son père Patrick (un ancien directeur commercial chez JC Decaux, fondateur d’agences de pub à Paris et d’une entreprise de lingerie revendue à Calvin Klein), est un premier pas. Le tandem parle d’ouvrir d’autres salles si le concept séduit et de créer des partenariats avec des hôtels pour attirer les touristes. “Contrairement à d’autres Escape Rooms, les joueurs ne sont pas mis avec d’autres joueurs qu’ils ne connaissent pas. On peut réserver une salle pour deux personnes par exemple, précise-t-il. Il y a un vrai potentiel. Ce n’est pas une mode. La demande grandira. On voit déjà apparaître des professionnels des Escape Rooms!”