A l’occasion du centenaire du décès du peintre Philippe-Auguste Renoir, le Kimbell Art Museum de Forth Worth présente une exposition des nus de l’artiste, intitulée «Renoir: The Body, the Senses » jusqu’au 26 janvier 2020.
Reconnu comme l’un des fondateurs de l’impressionnisme, Renoir a constamment puisé son inspiration dans le corps humain qu’il dépeint comme une forme sans os envahissant tout l’espace de ses tableaux. Cette rétrospective qui comprend plus d’une soixantaine de toiles, de dessins, de pastels et de sculptures capture plus de 50 ans d’évolution du travail du maître. Selon Esther Bell, conservatrice en chef du Clark Art Institute qui a co-organisé cette rétrospective, “Renoir a manifesté un intérêt pour le trait, la forme du corps, la silhouette, certainement sous l’influence des fresques italiennes”.
Les tableaux intitulés “Blonde au bain” et “baigneuses jouant avec un crabe” illustrent cet expression de style venant des maîtres de la Péninsule. Plus loin, Renoir fait face à Degas (Les baigneuses), à Camille Corot (Le Repos), à Peter Paul Rubens (Les Trois Grâces), à Paul Cézanne ou encore à Boucher (Diane quittant son bain, 1742) dont il s’inspira fortement. Tous ces artistes ont contribué à aider Renoir à mettre en perspective la chair féminine. On y découvre le contraste avec les œuvres de Paul Cézanne et celles d’Eugène Delacroix.
L’exposition met aussi plusieurs thèmes en valeur : le regard masculin au XIXe siècle, le talent de Renoir en tant que dessinateur, les effets de la lumière sur la peau, la pratique artistique du maître, la fascination pour le contour, le galbe, le tracé. Les sens sont représentés partout dans la toile du peintre à l’image du portrait de la “Fille endormie”. Son regard sur le corps féminin aura une grande incidence sur les maîtres du modernisme et laissera une empreinte auprès de plusieurs d’entre eux à l’instar de Picasso (Nue peignant ses cheveux) qui s’inspire de Renoir comme le montre la photo dans la dernière salle. Car Renoir ne se préoccupait pas de la ligne, de l’allure ou de l’anatomie de ses modèles mais plutôt du décalage des couleurs.
L’exposition présente l’évolution constante du style du peintre au travers ses études et sculptures tardives qui ont suscité la polémique. Cette représentation réaliste des femmes a alimenté de nombreuses querelles dans le milieu de l’art. Les attaques sur sont travail sont rapportées dans l’exposition mais aussi dans le catalogue. Nombreux critiques de l’époque ont fustigé son travail le traitant poliment “d’immoral”.