Elles se fondent dans le paysage, s’incrustent dans nos photos, et sont entre 12.000 et 17.000 à squatter l’ensemble des 5 boroughs. C’est la question bête de la semaine : pourquoi y a-t-il tant de citernes sur les toits des immeubles new-yorkais ?
Le système d’alimentation en eau de la ville de New York est l’un des plus anciens des Etats-Unis. Ses larges tuyaux ne permettent pas d’obtenir une pression suffisante pour alimenter la majorité des immeubles de plus de six étages. Les premières citernes ou water tower florissent au milieu du XIXème siècle lorsque les immeubles commencent à dépasser 6 étages.
Comment ça fonctionne ?
Alimentés par les aqueducs -Kensico, Hillview, Jerome Park Reservoir et Central Park sont les plus connus- les réservoirs individuels d’eau doivent être placés au-dessus des consommateurs. Grâce à des pompes, l’eau est propulsée vers le haut dans la cuve de la citerne pour la remplir avant d’être envoyée dans un réseau gravitaire qui va assurer son acheminement vers l’ensemble des habitations – plus de précision sur le fonctionnement technique ici. Les réservoirs peuvent contenir entre 20 et 40 mètres cube d’eau et leur sommet conique abrite un système électrique qui empêche l’eau de geler. Au-delà de l’utilisation domestique, elles servent aussi de réserve d’eau secondaire en cas d’incendie -la loi impose que chaque immeuble ait accès à deux sources d’alimentation d’eau.
La mauvaise nouvelle est que tout ça n’est pas forcément hygiénique. Le New York Times vient d’y mettre son nez et y a trouvé des choses bien peu ragoûtantes. Et pourtant, ce système est utilisé pour l’alimentation en eau dans 90 % des immeubles new-yorkais de plus de 6 étages. Leur répartition géographique est proportionnelle à celle des constructions moyennes et plus hautes : leur concentration est donc plus importante dans le Financial District, à Midtown ou Flatiron qu’à East Village ou Brooklyn. Si la tendance actuelle pousse à cacher les water tower des buildings récemment construits derrière des murs, certains essaient de les personnaliser pour les rendre plus attractifs, comme l’a fait Tom Fruin l’été dernier avec sa sculpture multicolore.
Si les plus grandes sont en acier, la plupart sont en bois – c’est un matériau plus isolant. Quand elles sont apparentes, elles signalent habituellement un bâtiment industriel ou un immeuble peu luxueux. Ne soyez pas étonné d’en apercevoir tout autour de vous dans un secteur aussi riche que Chelsea ou Tribeca, les origines du quartier sont plus modestes qu’elles n’y paraissent.