Quand la commissaire d’exposition Kimberley Jones parle du peintre français Frédéric Bazille, ses interlocuteurs ont en général deux réactions : « je l’adore ! » ou… « je n’ai jamais entendu parler de lui ».
Le musée Fabre de Montpellier, le musée d’Orsay à Paris et la National Gallery of Art de Washington ont donc uni leurs forces pour créer l’exposition « Frédéric Bazille and the birth of Impressionism », présentée du 9 avril au 9 juillet à DC. Et mieux faire connaître cet artiste au destin brisé, qui disparaît juste avant que n’éclot le mouvement impressionniste.
Frédéric Bazille est né il y a 175 ans tout juste à Montpellier. Etudiant en médecine issu d’un milieu protestant fortuné, il monte à Paris dans les années 1860 mais change vite de voie. Il commence à peindre et côtoie dans différents ateliers Claude Monet, Auguste Renoir ou encore Alfred Sisley. Autant « de jeunes lions qui veulent changer le monde » selon l’expression de Kimberley Jones.
Portrait de Bazille peint par Monet
Mais Frédéric Bazille ne verra pas la révolution « impressionniste » déferler à partir de 1872. Il s’engage durant l’été 1870 dans un régiment de zouaves. Et meurt trois mois plus tard lors de son premier assaut près d’Orléans. Il n’a que 38 ans et sa carrière aura duré en tout et pour tout sept années.
« Bazille est né au bon moment dans ces années 1860 qui furent sans doute parmi les plus décisives de l’histoire de l’art. Mais il est mort trop tôt, c’est un peu son problème », résume Paul Perrin, co-commissaire de l’exposition au nom du musée d’Orsay (à droite sur la photo). C’est un artiste « mystérieux » qui « serait sans doute devenu l’un des meilleurs peintres de son époque s’il n’était pas mort en défendant son pays », insiste de son côté l’ambassadeur de France à Washington Gérard Araud (2e à gauche sur la photo), très admiratif.
Toutes les toiles exposées sont donc des oeuvres « de jeunesse ». On y découvre notamment un Bazille impressionné par le travail de Monet avec qui il part en voyage du côté de la forêt de Fontainebleau ou à la mer. C’est aussi la silhouette de Bazille qu’on reconnaît dans une étude du célèbre Déjeuner sur l’herbe de Monet.
Voilà presque quatre ans que les commissaires du musée Fabre, du musée d’Orsay et de la National Gallery of Art travaillent sur cette rétrospective commune. L’exposition est d’ailleurs passée par Montpellier et Paris avant d’arriver à Washington. Soixante quatorze œuvres de Frédéric Bazille sont aujourd’hui rassemblées dans la capitale fédérale américaine. Ce n’était pas arrivé aux Etats-Unis depuis un quart de siècle.