“Nous voulons raconter l’histoire et l’héritage de ce groupe qui a influencé non seulement la musique mais aussi la mode, l’art, la littérature et le cinéma“. Deux ans après le succès d’une première exposition dédiée au groupe américain à la Philharmonie de Paris, Christian Fevret ressuscite The Velvet Underground à New York dans une exposition éphémère visible jusqu’au 30 décembre à Greenwich Village.
Accompagné par la productrice audiovisuelle Carole Mirabello, le fondateur du magazine Les Inrockuptibles nous plonge dans le New York des années 1960, où quatre amis dont Lou Reed et John Cale vont inventer une musique hors des codes, “à la jonction entre rock et avant-garde”, qui marquera toute une génération. “C’est tout le paradoxe de The Velvet Underground. Ils étaient trop en avance sur leur temps pour être connus à l’époque. Mais ils ont influencé de nombreux artistes comme David Bowie, LCD Sound System, Andy Warhol qui a produit leur premier album, des photographes comme Stephen Shore et même des artistes français comme Serge Gainsbourg, Vanessa Paradis”, explique Christian Fevret.
La voix de l’écrivain et poète américain Allen Ginsberg, symbole de la beat generation, donne le ton de l’exposition dès l’entrée avec deux écrans diffusant des images d’archive d’une Amérique capitaliste et puritaine d’un côté, rock’n roll et contestataire de l’autre. Des centaines de photos documentent l’histoire du Velvet, des premières scènes du groupe jusqu’à sa séparation en 1968. Six films exceptionnels ont également été montés pour l’occasion. Parmi eux, Carole Mirabello et Christian Fevret ont mis la main sur des images rares d’un concert du Velvet au Bataclan en 1972. “Monter une exposition sur le Velvet était un vrai défi vu leur très courte existence (trois ans), et le peu d’objets qu’ils ont laissé derrière eux“, confie Christian Fevret.
Pour rendre l’exposition encore plus immersive et “underground”, Bandsintown Studio a aménagé le sous-sol de l’exposition qui accueille des masterclasses et des concerts deux fois par semaine.
Les deux Français espèrent que l’exposition fera “au moins aussi bien qu’à Paris“. La Philharmonie avait accueilli 65.000 visiteurs. Sa réussite new-yorkaise conditionnera le début d’une tournée américaine. “On aimerait l’exporter à Chicago, Los Angeles, Seattle, Toronto. On est également en pourparler pour Manchester et peut-être Pékin“, précise Christian Fevret.
L’ancien patron des Inrocks estime que l’exposition The Velvet Underground Experience tombe à pic à New York, “face au puritanisme et au conservatisme qui a refait surface aux Etats-Unis”. Il ajoute que “beaucoup de jeunes sortent de l’exposition en disant: “c’est dingue la liberté qu’on a perdue”. Ils se rendent compte que les gens étaient plus curieux et avaient moins de tabous à l’époque”.