Le nouvel institut du Menil consacré au Dessin (Drawing Institute) s’apprête à accueillir, à partir du 4 octobre (jusqu’au 5 janvier 2020), une exposition sur l’architecte visionnaire français Jean-Jacques Lequeu.
Plus d’une cinquantaine de dessins architecturaux et anatomiques, provenant de la Bibliothèque Nationale de France, retracent l’œuvre de l’un des artistes post-révolutionnaires les plus inventifs. Cet événement a été organisé et pensé par le nouveau conservateur en chef français Edouard Kopp. « Ma passion pour l’Art remonte à l’adolescence, j’ai consacré ma carrière au dessin, qui est sans doute la pratique artistique la plus personnelle, la plus expérimentale et souvent la plus révélatrice de l’Art », explique t-il.
Jeune étudiant à l’école de management de Grenoble, il part en échange universitaire pendant un an en Angleterre et s’inscrit en auditeur libre à des cours d’art à Warwick. Il envisage alors de devenir marchand d’art ou de rejoindre une grande maison de vente comme expert. Son diplôme en poche, il décide de rester à Londres et s’inscrit à l’Institut Courteauld, spécialisé dans l’étude de l’histoire de l’art, où il enchaîne les recherches et décroche un stage au département des peintures au Getty Museum. Il s’aperçoit alors que le métier de conservateur de musée est un travail très complet, qui permet d’avoir un accès direct aux œuvres d’art, tout en étant historien et en contact avec le public. Il persévère, travaille un an au département des peintures et prend la décision de présenter une thèse. Pour cela, il choisit de partir faire un nouveau stage au département des dessins au Musée d’art de Harvard. « Le dessin me parle spécialement. Pour moi c’est une technique incroyable. J’ai une réaction viscérale. Cela m’émeut et me stimule visuellement et intellectuellement », commente-t-il.
Son mémoire porte sur un artiste français du XVIIIe siècle, Bouchardon, et donne lieu à une exposition sous la pyramide du Louvre. Il sera le co-commissaire de l’exposition. Au même moment, il obtient un poste d’assistant-conservateur au Getty Museum pour s’occuper du dessin français à Los Angeles. Il y reste sept ans. Puis, il devient conservateur au musée de Harvard où il supervise plus de 25 000 dessins européens et américains comprenant des œuvres allant du XIVe siècle à 1900.
Au cours de son mandat, il enrichit cette collection avec deux acquisitions majeures : une collection de dessins flamands et hollandais datant du XVIIe siècle et les dessins et collages monumentaux de Kara Walker.
A Houston, il compte élargir le champ d’application de l’institut. Il veut en faire une institution d’envergure internationale. Il espère développer des programmes avec les universités texanes et ouvrir l’institut au grand public par le biais de conférences et de séminaires. Il compte aussi contribuer à la croissance de la collection (2 000 œuvres environ) et produire plusieurs publications pour accompagner les expositions. Il tient aussi à organiser deux programmes de bourses pour soutenir les artistes et les chercheurs inspirés par le dessin. « Je suis très désireux de travailler au Texas surtout à Houston, ville culturellement à la hausse et ambitieuse. C’est un honneur de travailler dans le premier musée des Etats-Unis entièrement conçu pour répondre aux besoins spécifiques des dessins et de les faire connaître à un nouveau niveau», déclare t-il. Edouard Kopp trace son chemin.