Avec un chef réputé, Philippe Roussel, originaire de Guérande et renommé pour son Café d’Alsace, avec un propriétaire expert en “vrai-faux” bistro français, Simon Oren ( French Roast, Café d’Alsace et Marseille), Charolais avait tout pour réussir. Boeuf bourguignon, coq au vin, le “steakhouse à la Française” proposait le meilleur de la cuisine bourguignonne, à des prix raisonnables. Inutile de saliver : moins de deux semaines après son ouverture, Charolais n’est plus. En passant au coin de Varick Street, une stèle remplace le traditionnel menu affiché, et indique la fermeture du restaurant.
Mais que s’est-il vraiment passé ? Retour sur le feuilleton “Charolais”.
Premier épisode : le restaurant devait à l’origine porter le doux nom de La Moelle, puis Charolais. Il ouvre finalement le 20 Juillet sous le nom Côte d’Or. La Moelle ne sonnait pas bien et était difficile à comprendre pour les américains. Charolais ne convenait pas non plus car le restaurant ne parvenait pas à trouver un fournisseur de viande de Charolais, selon Gael Greene, la grande prêtresse de la gastronomie new yorkaise, qui commet son “Insatiable Critic,” dans les colonnes du New York Magazine chaque semaine.
Deuxième épisode : les responsables doivent changer le nom, Côte d’Or étant déjà pris notamment par l’entreprise de chocolat belge éponyme, raconte encore Gael Greene qui a suivi toute l’histoire. Dans le même temps, Roussel parvient à trouver un fournisseur de viande de Charolais situé dans le Montana. Le restaurant peut revenir à son concept originel. Le 27 Juillet, feu Côte d’Or, vive Charolais.
Troisième épisode : quelques jours plus tard, le 13 Août, Charolais ferme subitement. “La devanture du restaurant était cachée par des échafaudages. Nous ne pouvions pas nous servir de la terrasse,” dit Philippe Roussel. Les “barricades” du propriétaire, qui devaient n’être qu’éphémères, rendaient apparemment l’entrée périlleuse. La malédiction Charolais continue donc. “Si Charolais avait ouvert à peu près n’importe où à Manhattan sauf dans ce coin malaisé de Varick Street, il y aurait eu une file d’attente dans tout le block. La formule était très bonne et la cuisine délicieuse,” renchérit Gael Greene.
Nul ne sait si Charolais va rouvrir. “La réouverture est prévue pour l’automne,” assure une attachée de presse du restaurant. “Peut-être avec un concept repensé“, ajoute un autre responsable des relations publiques. D’autres sons de cloche se font entendre dans l’industrie. Les investisseurs auraient-ils changé d’avis et décidé de cesser les frais ? Simon Oren aurait-il souhaité se consacrer à d’autres projets et d’apporter son aide à Andi D’Amico et Robert Guarino du bistrot Marseille pour leur tout nouveau restaurant italien dowtown Nizza ? “Dans cette histoire, avec la fermeture de Charolais, ma critique initialement prévue n’a pas été publiée, et j’ai dû en réécrire une autre en quelques heures” soupire Gael Greene.