Le long week-end du 4 juillet a été monopolisé dans la presse américaine par le dernier retournement de situation de « l’affaire DSK ». Pour les tabloïds new-yorkais, cette affaire est emblématique d’une France qui se pense au-dessus des lois : il n’y a qu’un pas entre le « coup de poignard dans le dos » qu’a été la refus de s’impliquer dans la guerre en Irak en 2003 et l’affaire Dominique Strauss-Kahn. La presse américaine réagit avec violence, souvent, à la nouvelle de la fin de l’assignation en résidence surveillée de Dominique Strauss-Kahn et des récentes découvertes sur la vie passée de la plaintive, Nafissatou Diallo. Peu de mea culpa et peu de réflexions sur les implications politiques ou juridiques de l’événement, hors le New Yorker.
Le New York Post – tabloïd contre lequel la femme de chambre a porté plainte pour diffamation ce mardi – n’est pas particulièrement tendre avec Dominique Strauss-Kahn. Puisant dans les représentations les plus communes aux États-Unis des Français, le journal titre un article recensant les réactions en France, « Sacré bleu ! Les Français sont carrément prêts à se battre ! », faisant référence à la lâcheté proverbiales aux États-Unis des Français. Un éditorial du même journal titrait « La sale grenouille reste un gros porc » (« The filthy froggy is still a wart hog ») et s’indignait que Strauss-Kahn puisse encore devenir le président de « ce pays sexiste ». L’on s’insurge notamment du fait que cette affaire aurait décrédibilisé durablement toutes les victimes de viol ; l’article se termine par un « Merci pour tout, DSK. Bientôt, tu seras le problème de la France. »
Bernard-Henri Lévy, dans un article publié dans le Daily Beast le 2 juillet, s’est empressé de tirer « cinq leçons » de l’affaire, fustigeant aussi bien l’industrie du spectacle que serait devenue la Justice que la volonté de l’opinion publique de croire sur parole les victimes.
Le New York Times titrait l’un de ses articles : « Indignation, colère et confusion en France à propos de l’affaire Strauss-Kahn ». L’article cite longuement Bernard-Henri Lévy, mais aussi un sondage du Parisien selon lequel 49% des Français étaient favorables au retour de Dominique Strauss-Kahn dans la vie politique ainsi que les paroles de Jean-François Copé, Gérard le Gall et des féministes françaises. La « colère » dont il est question dans le titre porte sur des objets différents : si l’article de Lévy est clairement une apologie de Strauss-Kahn, l’article se termine cependant sur les paroles de Caroline de Haas, rapportées par Le Monde : « Pourquoi faut-il l’affaire DSK pour que la classe politique et le monde de la presse ‘découvrent’ qu’il y a 75 000 femmes violées en France, chaque année ? Que l’inégalité professionnelle demeure la règle ? Que la parité est un mirage ? »
Dans le New Yorker, Judith Thurman regrette s’être empressée de juger Dominique Strauss-Kahn au début de l’affaire ; elle dit avoir été, peut-être « aveuglée par les stéréotypes » ; elle en profite pour mitiger les accusations qui accablent la plaignante depuis les révélations ces derniers jours sur son passé.
Dans un tout autre registre, le New York Times consacre un article à la fuite du sujet du baccalauréat la semaine passée et en profite pour expliquer le fonctionnement du système éducatif français qui demeure bien étrange pour les Américains.