Lendemain de fête dans un appartement du 6ème arrondissement. Sam, musicien de 36 ans, se réveille dans un monde qui n’est plus le même. Les murs sont couverts de sang, l’humanité a disparu, les morts vivants ont envahi Paris.
Pour son premier long-métrage, “La Nuit a Dévoré le Monde”, qu’il présentera dans le cadre de la New French Cinema Week d’Austin le 19 avril, Dominique Rocher filme l’invasion de la capitale française par les zombies. Une adaptation du roman éponyme de Martin Page, publié en 2012 sous le pseudonyme de Pit Agarmen et découvert par le réalisateur lors de sa nomination au Prix de Flore. « Dans son livre, Martin Page fait le journal de bord d’un naufragé : cet immeuble parisien, c’est son île. Il évoque des thématiques qui me parlent, comme la solitude et le rejet de l’autre. »
Le jeune cinéaste originaire d’Angers, qui a réalisé plusieurs courts métrages auto-produits avant ce premier long, situe “La Nuit a Dévoré le Monde” entre le cinéma d’auteur et cinéma fantastique. « Je suis pas dans le premier degré : c’est un film de zombies, mais c’est surtout un film psychologique avec une tension permanente », explique le jeune réalisateur. C’est d’ailleurs ce sentiment de “collapsologie” qui a séduit les acteurs confirmés, comme Golshifteh Farahani et Denis Lavant, à l’affiche du film.
« Je suis pas un grand spécialiste du cinéma d’horreur, même si j’ai grandi avec. C’est vraiment le sujet qui m’a amené à faire ce film. J’ai souhaité m’interroger sur la peur de l’autre et l’isolement que l’on peut subir dans les grandes villes, cette sensation d’être oppressé par les autres. » Ici, les autres sont des zombies, des morts-vivants interprétés par des danseurs. « J’ai fait appelle à une chorégraphe et à une troupe de danseurs pour jouer les zombies, je voulais qu’il y ait une énergie commune. »
“La Nuit a Dévoré le Monde” a été réalisé avec de petits moyens – 2,5 millions d’euros. Il a été tourné en français et en anglais (c’est la version française qui sera montrée à Austin). Est-ce difficile de financer un film de genre produit en France ? « Les mentalités changent, et c’est plus facile de produire des films de genre depuis quelques années. Nous avons eu la chance de tout de suite bénéficier du soutien de Canal+. Le frein, ce sont plutôt les exploitants de salle qui hésitent à programmer ce genre de films : nous avons lancé le film avec 37 copies en salle, alors que les films américains sortent avec 200 à 300 copies. Que voulez-vous, on n’a pas la meilleure réputation, pourtant le public adore le fantastique américain! ».