Cela n’est un secret pour personne : les policiers new-yorkais ne sont pas des enfants de chœur. Accusée pêle-mêle de violence injustifiée, de cibler injustement des individus issus de minorités ou de faire entorse aux libertés individuelles, la NYPD (New York Police Department) est autant sous le feu des armes que des critiques. Elle est actuellement montrée du doigt par plusieurs associations de défense des libertés pour sa surveillance d’étudiants musulmans dans différentes universités du nord-est américain. Le dispositif secret a été révélé la semaine dernière par l’agence de presse Associated Press.
Ces polémiques s’arrêtent net aux portes du Police Museum. Situé à quelques pas de Wall Street, dans le sud de Manhattan, le Musée de la Police est un temple dédié à la gloire de la NYPD. Localisé dans le bâtiment d’un ancien commissariat de trois étages, le musée est relativement petit. Mais il se veut exhaustif, retraçant l’histoire des « Finest » comme ils sont appelés à New York, de la police locale qu’elle était à ses origines en 1845 à la mini-CIA qu’elle est devenue aujourd’hui.
Dès l’entrée, le visiteur croise une mini-collection sur la « police et la mode ». Il y découvre des uniformes authentiques du XIXème siècle, non loin d’une belle « Indian Motorcycle » de 1952, le modèle de moto officiel de la police à l’époque – la NYPD roule aujourd’hui en Harley. Le deuxième étage ravira les amateurs d’armes à feu. Y est exposée une collection de pistolets et autres joujoux à gâchette utilisés par les forces de l’ordre et les gangsters ces deux derniers siècles. Le fameux Glock, le pistolet de fabrication autrichienne surnommé « America’s Gun » tant sa diffusion est importante aux Etats-Unis, y figure en bonne place. D’autres pièces, extrêmement petites, paraissent sorties d’un kinder surprise.
Ce deuxième étage accueille également une exposition des croquis et peintures de l’artiste Aggie Kenny. Cette série d’images sur les « first responders », ces personnels de secours et de nettoyage qui sont intervenus dans les ruines encore fumantes des Tours Jumelles, a été fréquemment citée dans la presse. Elle montre notamment des secouristes sans masque de protection. Un point que certains d’entre eux ont mis en avant pour expliquer le développement, parmi les leurs, de maladies parfois mortelles dans les mois et les années qui ont suivi leur intervention à Ground Zero.
Défendre New York
Le troisième étage est sans doute le plus intéressant. Consacré aux moyens déployés par la NYPD pour protéger New York après le 11-Septembre, il est destiné à montrer que « tout va très bien, Madame la Marquise ». Vous vous demandez qui sont ces militaires armés qui se baladent au Brooklyn Bridge ou Grand Central ? Il s’agit des équipes « Hercules », un dispositif de rondes irrégulières (donc imprévisibles) déployé sur différents sites à haut risque. On y apprend aussi que la NYPD organise régulièrement un « lâché » de voitures de police en ville, sirènes allumées, dont le seul objectif est d’affirmer sa présence (et dissuader au passage quelques criminels potentiels de passer à l’acte).
L’opération séduction atteint son paroxysme dans une vidéo de l’émission « 60 Minutes », diffusée en boucle sur une télévision de ce troisième étage. L’émission retrace la transformation de la NYPD, police locale, en une police internationale, traquant les terroristes dans différents pays pour prévenir toute attaque contre New York. C’est dans cette même émission, diffusée en septembre 2011, que Ray Kelly, patron des policiers, a annoncé que ses hommes avaient les moyens et la formation pour abattre un avion qui menacerait la ville. Des propos qui avaient déclenché une vive polémique sur la « militarisation » de la police. Parmi les autres pépites de l’émission, on trouve une séquence sur le réseau de caméras de surveillance développé depuis 2005 par la NYPD dans le sud de Manhattan : la controversée LMSI (Lower Manhattan Security Initiative). « Aujourd’hui, il est quasiment impossible de parcourir un bloc de Lower Manhattan sans être filmé », raconte le journaliste Scott Pelley en commentaire. Il poursuit : grâce à un programme informatique conçu spécifiquement pour la NYPD, la police est capable de repérer, dans le flot d’images enregistrées quotidiennement par ces caméras, les objets inanimés (comme les colis suspects) laissés à l’abandon, ou encore de traquer un individu suspect en fonction de ses vêtements, même lorsque celui-ci est perdu dans la foule.
La visite se termine (ou commence) par le « gift shop », situé au rez-de-chaussée. Celui du Police Museum est gratiné : caleçons estampillés NYPD, casquettes, débardeurs, jeux de société et peluches en uniforme: la boutique est un musée à elle seule. On peut même acheter des tenues policières plus vraies que nature. Décidemment, au Police Museum, nous sommes tous policiers.
Infos pratiques:
New York City Police Museum – 100 Old Islip – Ouvert du lundi au samedi de 10h à 17h. Le dimanche de midi à 17h – (212) 480-3100 – Site: www.nycpolicemuseum.org