Ambulancier dans le Gers, David Libespère a tout quitté en 2009 pour les États-Unis et New York. “Je voulais me prouver que je pouvais réussir quelque chose seul, et surtout trouver ma voie”, explique le Français aujourd’hui âgé de 37 ans. 12 ans plus tard, il est co-gérant du 67 Orange St, un bar à cocktail réputé d’Harlem, et prévoit d’ouvrir une deuxième adresse à SoHo au début d’année prochaine.
“J’ai commencé tout en bas de l’échelle à mon arrivée à New York, en tant que “busser” (ndlr: celui ou celle qui débarrasse les tables) dans le restaurant français AOC de Romain Bonnans”, se rappelle David Libespère. “J’ai ensuite été embauché dans un établissement italien où on m’a laissé évoluer et créer mes propres cocktails. Je me suis découvert une passion pour la mixologie”.
Son parcours américain le mène ensuite à Miami, où le Gersois créé sa société de conseil auprès de bars et restaurants en 2016, avant de revenir sur New York l’année suivante où il est recruté au 67 Orange St en mars 2017. “Karl Franz Williams (ndlr: alors seul patron de l’établissement) a fait appel à moi pour essayer de redresser la situation du bar, qui était en difficulté. Nous avons dû nous séparer de la majeure partie du personnel, et repartir avec un fonctionnement à la française : fini les bussers, hosts et servers. Ici, nous sommes 4 barmans/mixologues à nous partager toutes les tâches quotidiennes”.
Fondé en 2008, le 67 Orange St est une institution à New York. Il tient son nom de l’adresse du premier bar tenu par un Afro-américain dans la Big Apple dans les années 1840, Almacks. Le 67 Orange St se revendique encore aujourd’hui fièrement comme un “black-owned business” avec Karl Franz Williams à sa tête. L’établissement a été également le premier à proposer des “craft cocktails” (fait à base de produits frais, locaux et d’une manière traditionnelle) dans le quartier. “Karl m’a proposé de devenir son associé en prenant des parts dans l’affaire. C’est une grande fierté de pouvoir travailler avec lui dans un endroit qui compte à Harlem”, confie David Libespère.
Le 67 Orange St offre une liste de cocktails à rallonge classée selon la base d’alcool que vous préférez (vodka, gin, tequila, mezcal, rhum, whiskey et brandy). L’établissement élabore également des cocktails de saison. Lors de notre visite du 9 août, nous avons goûté au Top Tier Daiquiri (16$), un cocktail léger et fruité à base de rhum Barbancourt huit ans d’âge, de Rockey’s (liqueur fabriquée à Brooklyn), punch suédois, jus de citron et sirop de pommes et gingembre. Notre deuxième choix s’est porté vers le Manhattan After Dark (17$), un bourbon Woodford Reserve infusé dans sa carafe avec de la fumée de cigare. Savoureux! Les boissons peuvent être accompagnées de snacks (wings, mac & cheese, etc).
Originellement un speakeasy, le 67 Orange St s’est transformé depuis la pandémie en un bar plus traditionnel. “On a dû trouver des solutions pour survivre en installant notamment une grande terrasse et en développant les ventes à emporter”, explique David Libespère. Depuis, les clients sont revenus et le bar a attiré les bonnes critiques dans les médias américains. “On est classé deuxième meilleur bar à cocktail sur Eater à New York et dans la liste des 27 meilleurs bars des US par Esquire“, lâche fièrement le Français.
L’avenir du 67 Orange St s’écrit en double puisque David Libespère et Karl Franz Williams ont été contactés par le propriétaire d’un immeuble de SoHo qui leur propose d’ouvrir un deuxième bar dans le Downtown Manhattan. “Ce sera un vrai speakeasy en sous-sol avec ce qui a fait notre réussite à Harlem : des cocktails de qualité dans un lieu intimiste et agréable”, expose David Libespère. Ouverture prévue d’ici mars 2022.