Le mois dernier, dix objets remarquables du département « Ancient Near Eastern Art » (Art ancien du Proche-Orient) du Metropolitan Museum of Art (le Met) de New York ont été soigneusement emballés et placés dans des petits caissons capitonnés. Ils ont ensuite pris la route de l’aéroport, ont embarqué à bord d’un avion et ont terminé leur voyage de l’autre côté de l’océan Atlantique, à Paris, au musée du Louvre. Ce prêt, d’un musée américain à un autre français, a donné lieu à une exposition : « The Met au Louvre, Near Eastern Antiquities in Dialogue », qui sera visible jusqu’au 28 septembre 2025 dans la capitale française.
Le fruit d’une collaboration très rapprochée entre les deux institutions. « On a l’habitude de se décrire comme des sœurs », confie Kim Benzel, la conservatrice en chef du département Ancient Near Eastern Art du Met. Cette partie du musée new-yorkais a fermé pour rénovation jusqu’en 2026 (le reste du Met reste ouvert). Plutôt que de conserver à l’abri des regards des pièces pour beaucoup remarquables, les équipes des deux établissements, de chaque côté de l’Atlantique, ont longuement échangé, à distance, pour imaginer une exposition qui fasse dialoguer des œuvres d’art que, d’habitude, un océan sépare.
Dans cette collaboration, c’est le Louvre, via Ariane Thomas (Directrice du département des Antiquités orientales), une proche de Kim Benzel malgré la distance, qui a été à l’initiative. S’intéresser à ce prêt, c’est plonger dans le monde passionnant des prêts d’œuvres de musée à musée. « On n’avait pas le temps pour une exposition entière, qui d’habitude rassemble quelque chose comme 150 pièces, alors on a commencé à réfléchir à un cadre différent, explique Kim Benzel. On s’est rapidement rendu compte que plusieurs de nos objets avaient une très grande résonance avec des pièces du Louvre. »
À l’image de cet objet d’orfèvrerie, un ensemble hétéroclite de pièces de joaillerie découvert dans une cachette monétaire et dont le Met a longtemps cru qu’il constituait un collier : l’exposition montrera plutôt que ces pendentifs, fondus, étaient des emblèmes divins. D’autres objets des deux musées se regardent et se complètent, offrant de curieuses ressemblances. « Ces pièces maîtresses, une fois exposées au Louvre, prennent un sens nouveau et différent », fait remarquer l’experte de l’art antique du Proche-Orient au Met.
Parmi elles, un plat iranien en argent doré représentant un roi sassanide chassant le cerf, une tête d’homme enturbannée en métal venue de Mésopotamie, une stèle couverte d’inscriptions cunéiformes et de personnages, ou encore divers objets décorés d’animaux sculptés, dont une extraordinaire statuette en argent iranienne datant du IVe millénaire avant J.-C. et représentant un taureau agenouillé tenant un vase à bec. Des objets fabriqués en Asie centrale, en Syrie, en Iran ou en Mésopotamie, entre la fin du IVe… millénaire avant J.-C. et le Ve siècle de notre ère.
Comme toujours dans ce cas-là, c’est le musée emprunteur qui règle la totalité des frais (voyage des objets et des équipes, assurances, etc.), en l’occurence ici le Louvre. Le prêt, lui, est comme souvent gratuit, peu d’établissements dans le monde facturant la mise à disposition de certaines de leurs œuvres. Le Met a profité de la fermeture de son aile consacrée à ces pièces datant de plus de 2000 ans pour en envoyer certaines à d’autres endroits du globe.
Ces objets reviendront à leur place en 2026, lorsque cette aile du musée rouvrira, totalement rénovée. Kim Benzel promet « une approche narrative complètement différente ».
Du Met au Louvre, Near Eastern Antiquities in Dialogue, au Musée du Louvre à Paris, jusqu’au 28 septembre 2025