Nommée sept fois à la dernière cérémonie des Molières, « Courgette » est assurément la pièce à ne pas manquer cette année sur la scène du Théâtre du Lycée français. « Je veux absolument que la communauté francophone de la Bay Area voie cette pièce, qui a été mon coup de cœur à Avignon l’an passé », affirme Frédéric Patto, directeur artistique du TLF. « Courgette » sera sur la scène du théâtre Erick Moreau le vendredi 8 novembre, à 7:30pm.
Adaptée du roman de Gilles Paris Autobiographie d’une courgette, « Courgette » raconte l’histoire d’Icare, surnommé Courgette, un enfant placé en foyer suite à la mort de sa mère. Il y croise Simon, Ahmed, et Camille, une petite fille incarnée par Vanessa Cailhol, Molière 2024 de la meilleure actrice pour ce rôle. « J’avais déjà été nommée deux fois auparavant, mais à l’annonce de la lauréate, j’étais restée assise. Le rôle de Camille n’est pas forcément destiné à être moliérisée car j’interprète une fillette de 9 ans alors que j’en ai 41. Je ne réalise toujours pas, c’est un très beau cadeau », nous confie l’actrice.
Au delà de cette reconnaissance professionnelle , « Courgette » a offert à Vanessa Cailhol un rôle qui l’a particulièrement touchée sur un plan personnel. En effet, la comédienne a grandi aux côtés d’enfants de la DDASS : « Nous étions famille d’accueil, et ces enfants placés, comme Courgette et Camille, étaient mes frères et mes sœurs. C’est très intéressant de parler de ce sujet sur une scène de théâtre, et de l’enfance en général ». Par ailleurs, Vanessa Cailhol est devenue maman pendant la préparation de la pièce, ce qui a grandement influencé son interprétation. « Les mots ont résonné différemment une fois que j’ai découvert ce qu’est l’amour maternel, mon jeu est devenu plus aiguisé. Camille est une petite fille qui ne connaît pas l’amour de ses parents, ce qui donne à la pièce une dimension de tragédie grecque. »
Malgré la noirceur de son sujet, « Courgette » évite toutefois de tomber dans le pathos, grâce à des textes qui utilisent le langage des enfants, mais aussi la résilience dont ces derniers font preuve. « La résilience permet de transformer les blessures en lumières, résume Vanessa Cailhol. La pièce offre deux lectures possibles : une pour les enfants, qui est très drôle, et une pour les adultes, qui permet une reconnexion avec l’enfance intérieure, et qui nous donne encore plus envie de bouffer la vie malgré les blessures que l’on traîne avec nous ».
La comédienne confie qu’il n’est d’ailleurs pas toujours facile de jouer devant des enfants qui ont parfois fait l’expérience des situations décrites sur scène, ni de sortir de son personnage à la fin de la pièce. « C’est une pièce utile socialement et très divertissante. C’est très rare de combiner les deux, surtout quand le propos est aussi essentiel et profond. »
Les spectateurs se laissent également emporter par la mise en scène de Paméla Ravassard : un seul décor nous transporte tantôt à la montagne, tantôt au foyer ou à la mer. « Tout est symbolique, tout a une explication, tout est poétique, précise Vanessa Cailhol. Les escaliers, par exemple, représentent l’attente. La musique, qui n’existait pas dans le livre, est le symbole de la résilience, et petit à petit, elle devient un personnage à part entière. Le travail d’adaptation et de mise en scène est exceptionnel, c’est de l’orfèvrerie. »
Après le succès du roman de Gilles Paris, puis de l’adaptation de l’histoire avec le film d’animation « Ma vie de courgette » (deux Césars en 2017 et une nomination aux Oscars), Paméla Ravassard a fait le pari de donner une nouvelle vie à « Courgette » sur les planches, en mettant en scène Garlan Le Martelot, son mari à la ville, dans le rôle titre. Un pari osé, mais qui s’est avéré gagnant pour toute la troupe : aux derniers Molières, la pièce a été nommée pour le Molière du théâtre public, Paméla Ravassard pour celui de la mise en scène, Vanessa Cailhol comme comédienne, Garlan Le Martelot comme révélation masculine, Florian Choquart, Vincent Viotti et Lola Roskis comme comédiens dans un second rôle.
« Courgette », le vendredi 8 novembre au Théâtre du Lycée français, 1201 Ortega Street, San Francisco. Billets