« C’est avant tout un grand soulagement d’avoir terminé, je ne cherchais pas une performance ». Dimanche matin, le 19 mai, un peu après minuit, Clarisse Crémer a franchi la ligne d’arrivée de la Transat CIC, en dernière position du classement à cause d’une avarie technique qui a obligé la navigatrice à passer cinq jours aux Açores. Après Thimoté Polet qui s’est blessé à la main, Clarisse Crémer a bouclé sa course et se rapproche ainsi un peu plus d’une qualification pour le Vendée Globe 2024, la grande course autour du monde en solitaire qui partira des Sables d’Olonne en novembre prochain.
La Transat CIC, qui est partie du Havre le 28 avril dernier, n’a pas été de tout repos pour Clarisse Crémer. Elle a connu un gros problème technique dès le quatrième jour de course. « En faisant le check de mon bateau, je me suis rendue compte que la cloison était coupée en deux à l’avant. Je me suis tout de suite demandée où je m’arrêtais pour réparer, je ne me suis pas laissée l’opportunité de baisser les bras ». Elle décide de ralentir pour ne pas risquer d’endommager la coque et arrive aux Açores quatre jours plus tard. Son équipe technique travaille jour et nuit pour remettre le bateau en état, et elle repart avec beaucoup de retard. Elle redouble d’effort pour arriver un peu moins d’un jour avant la fermeture de la course. « C’était laborieux mais j’y suis arrivée ! », s’exclame-t-elle.
Elle ne va passer que quelques jours sur la côte Est, avant de repartir en mer. Car dès mercredi prochain (le 29 mai), c’est le départ de la course New York-Vendée, qui va permettre aux marins de traverser l’Atlantique dans l’autre sens, pour rejoindre les Sables d’Olonne. « C’est important pour moi. Si je la finis, je serai automatiquement qualifiée pour le Vendée Globe », explique-t-elle. La fin d’un long parcours du combattant pour la skipper de 34 ans, qui a perdu son contrat de sponsoring avec Banque Populaire début 2023, trois mois après avoir accouché de son premier enfant. À l’époque, la banque avait estimé que la navigatrice était « dans une situation qui ne lui permet pas d’espérer obtenir le nombre de points nécessaires pour se qualifier pour le Vendée Globe 2024 ».
Un choc pour la navigatrice, mais ce n’était pas suffisant pour la décourager. Deux mois plus tard, elle signe un nouveau contrat avec L’Occitane en Provence comme sponsor : « Nous sommes allés droit au but, nous avons eu une conversation transparente sur nos valeurs communes », raconte-t-elle. Elle reprend alors les courses pour se qualifier pour l’ « Everest des mers » avec un slogan : Race for Equity. « Je n’ai jamais demandé à être un role model, j’ai juste voulu fonder une famille et continuer ma carrière. Aujourd’hui, je saisis cette opportunité pour sensibiliser sur l’égalité hommes-femmes dans le sport ».
Clarisse Crémer avait déjà concouru au Vendée Globe 2020, où elle avait terminé à la 12e place et première femme de la course. Début 2024, elle avait été accusée d’avoir bénéficié d’une assistance météo par son mari Tanguy Le Turquais. Elle a été totalement innocentée en mars par un panel d’arbitres internationaux.