Après le revers des municipales, “le Bling Bling” change de look écrit Newsweek. «Solennité» et «gravité» sont désormais de mise. Dans un style plus “présidentiel”, Nicolas Sarkozy s’adonne à des cérémonies «Gaulle-esque».
Mais on crédite toujours le président français de ses efforts pour “sortir la France de son «Big Sleep» des années Mitterrand-Chirac”. Roger Cohen, éditorialiste du New York Times y voit plus que l’americanisation de l’Europe: alors que le vieux continent de Paris à Berlin, louche du côté de la libre entreprise, l’Amérique, elle, se dit qu’un peu d’Etat providence à l’européenne pourrait lui faire du bien. Un rapprochement que Roger Cohen illustre par la métaphore de «la politique du cireur de chaussure».
Inutile de chercher, à Paris, il est impossible de se faire «cirer les bottes» (en français dans le texte). L’idée même va à l’encontre de l’ idéal égalitaire français explique le journaliste. La situation est différente aux Etats-Unis où «contrairement au sens de l’humour, les cireurs de chaussures ne manquent pas». La profession s’accorde avec «les notions américaines de liberté d’entreprise, de “make-a-buck opportunism” et de loi du plus fort».
Ce qui est intéressant? Tandis que les «no-shine countries» remettent de plus en plus en cause les bienfaits de leurs systèmes étatiques, de leur côté, les Etats-Unis se demandent si la «main invisible» qui auto-régule la libre concurrence n’aurait pas besoin d’un peu plus de contrôle. «Cela s’appelle un rare cas de trans-Atlantique convergence» explique Roger Cohen.
En ce sens, la «révolution Sarkozy», dont l’issue reste incertaine, a le «mérite» voire «courage» de dire les choses et de faire prendre conscience qu’«un pays dans lequel il est plus intéressant de ne pas travailler que de travailler est un pays qui a un problème». «En France le cireur de chaussures croulerait sous les taxes avant même de faire briller une chaussure» ironise le journaliste qui pour sa part opte pour un capitalisme made in USA plus “social”.
Un premier pas? Selon une enquête de la BBC, l’inimitié des Français envers les Etats-Unis se fait moins virulente.
«Everyone wants to be loved». C’est non sans satisfaction que le New York Post annonce que «les Français ne détestent pas tant que ça les Américains». La question posée par la BBC à plus de 17 000 personnes dans 34 pays: Les –p– Etats-Unis ont-ils une bonne ou une mauvaise influence sur le monde? Seulement 51% des Français, contre 69% l’année dernière, pensent que les Etats-Unis ont une influence négative. Sans surprise, l’Iran arrive bon dernier avec 54% d’opinion négative et c’est l’Allemagne qui rafle le record d’opinions positives avec 56%.
«There’s something très bon about living in France» écrit le même journal. Une étude publiée par l’INSEE montre que la population centenaire française est passée de 3 760 en 1990 à 20 115 en 2008, soit environ deux fois plus qu’en Angleterre, démographiquement comparable. Selon un professeur de l’université d’Oxford, «le vin rouge n’y est pas pour rien». L’article rappelle que Jeanne Calment détient encore le record mondial, 122 ans, 5 mois et 14 jours. Il fait bon vieillir en France, à la notre!
Côté boisson justement, c’est «Fizz without the fat», littéralement les bulles sans la graisse, bientôt dans les restaurants et les liquor store américains.
Un champagne rosé sans sucre ajouté ou “zéro dosage”, une idée de la maison de champagne française Ayala qui devrait séduire les femmes et tous les soucieux de leur silhouette. Se faire plaisir tout en restant svelte n’est pas donné, il faut compter de 45$ à 120$ pour une «”low-cal”» bouteille.
Contrairement au champagne, le cinéma, même light, traverse peu ou prou l’Atlantique. Au grand regret d’une journaliste du San Francisco Gate qui profite de la fin du Festival new yorkais “Rendez-vous with French Cinema” pour encenser le septième art français. De quoi redonner un coup de fouet à notre estime.
De tous les pays européens, nous sommes celui qui produit le plus de films et en moyenne, selon la journaliste, les meilleurs. «Les Français ont une éminente tradition cinématographique qu’ils défendent héroïquement face à l’invasion Américaine». Leur cinéma est à la fois «sensible, romantique et noir» et «leurs acteurs sont aussi glamours et singuliers que ceux du vieux Hollywood». Contrairement au notre écrit-elle, les films français traitent encore de sentiments humains et de femmes, «les Français prennent l’amour au sérieux».
Visiblement admirative du cinéma français, la journaliste s’indigne de sa faible distribution aux Etats-Unis. Les Américains n’ont ainsi toujours pas vu “Le rôle de sa vie” sorti en 2004 avec Karin Viard, sacrilège.
Si “Le goût des autres” avait remporté un Oscar, le discours d’Agnès Jaoui aurait été le suivant: «Il est triste et même dangereux de ne pas connaître l’existence d’autres cultures», un message que, selon la journaliste, la plupart des distributeurs américains auraient bien besoin d’entendre.