Oui, le Texas est francophone et francophile ! Pas comme la Louisiane bien sûr. Mais le sieur de La Salle ayant fondé une éphémère colonie française au bord du golfe du Mexique à la fin du XVIIe siècle, le drapeau français est l’un des six désignés par l’expression “six flags over Texas”.
Et les Français n’étaient pas les derniers Européens à saisir l’opportunité qui leur était donnée par le jeune Etat de s’établir sur une terre à eux au XIXe. « Henri Castro a fondé la ville éponyme de Castroville, à l’ouest de San Antonio, avec 2 000 Alsaciens. Tandis que les missionnaires français présents au Texas ont aidé à reconstruire l’église catholique après la révolution, tout en établissant des écoles et des hôpitaux au travers de l’Etat », tient à rappeler Diana Stevie, la coordinatrice Tourisme au sein du bureau du gouverneur, alors qu’on l’interroge sur la fréquentation touristique du Texas par les Français.
Aujourd’hui, il seraient environ 14 000 ressortissants de l’Hexagone à vivre dans le “Lone Star State” pour exploiter l’or noir de l’Etat, aider les startups austinites à conquérir l’Hexagone, contribuer à la recherche universitaire sur la langue de Molière, prodiguer leurs conseils œnologiques ou régaler les Texans d’authentiques pâtisseries françaises. Pourtant, ce qui frappe quand on examine l’influence de la France au Texas, c’est le maillage serré des Alliances françaises. De Dallas à McAllen et d’El Paso à Houston, elles témoignent de l’amour des Texans pour la France, tout comme le festival French Cultures organisé chaque année à l’échelle de l’Etat à l’occasion du mois de la francophonie.
L’idée que la francophonie se nourrit de ces apports extérieurs, c’est précisément celle que défend Jean-Michel Djian. « Heureusement que le français peut se développer sur la base de la créativité phénoménale dont font preuve les autres pays francophones », affirme même cet universitaire, également journaliste, auteur et réalisateur, qui donnera une conférence sur l’apport des écrivains francophones dans la fabrication des mots à l’Alliance de Houston, le 19 mars, après la projection d’un volet de sa série documentaire « Rêver le français », à 19 heures. « Il y a une vraie perméabilité entre le français et l’anglo-américain, pense notamment cet homme de lettres. La pratique du français est influencée par des mots, des gestes de l’anglais ».
Alors que « l’esthétique française connaît une renaissance inattendue » aux Etats-Unis, avec les cinq Oscars remportés par le film français « The Artist » le 26 février, le Texas pourrait ainsi être l’un des inventeurs du français de demain. En choisissant de s’y décliner, cinq ans après sa naissance à New York, French Morning espère en tout cas contribuer à la vitalité de la langue française dans le Sud des Etats-Unis en resserant les liens entre les francophones de la région.
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