Cette semaine, la presse américaine renforce l’image d’une France contestataire et rythmée par les grèves. Le site Internet du Wall Street Journal consacre même une galerie photos à la grève massive du mardi 7 septembre contre le projet de réforme des retraites: le pays et surtout les transports y apparaissent paralysés par le mouvement social. Le même Wall Street Journal évoque la tradition française de contestation surtout quand il s’agit de réviser le système social. Si historiquement le gouvernement a toujours reculé face aux grèves, cette fois la mobilisation ne lui semble pas suffisante pour « faire dérailler le projet de Nicolas Sarkozy », qui ne reviendra pas sur les grandes lignes.
Le New York Times rappelle quant à lui le contexte de cette mobilisation, n’hésitant d’ailleurs pas à donner l’impression d’un président dépassé par les évènements. Entre sa cote de popularité au plus bas à deux ans des présidentielles, les scandales qui ont touchés la vie politique récemment, et les promesses électorales non tenues, Nicolas Sarkozy entreprend «la dernière réforme majeure » de son mandat à un moment décidemment peu stratégique. Finalement, les articles américains et notamment celui de Bloomberg tendent à défendre la nécessité d’une réforme. Pour eux, la France aurait sûrement intérêt à s’aligner sur la plupart des pays européens qui ont récemment augmenté l’âge du départ à la retraite, afin de faire face à la démographie et au déficit croissant de la sécurité sociale. Enfin, s’il n’existe pas encore de volonté affirmée de la part des syndicats de prolonger indéfiniment la mobilisation, Bloomerg rappelle que les syndicats ont cependant appelés à une nouvelle « journée d’action » le 23 septembre.
Après la polémique de la semaine dernière sur les burgers hallal Quick, les médias américains se penchent cette fois-ci sur le business hallal en France, sujet faisant écho à la polémique sur le supposé regain d’islamophobie aux Etats-Unis. Le Wall Street Journal rappelle que la France a tenté de limiter les expressions de l’identité musulmane, notamment avec l’interdiction du foulard à l’école et le débat sur la burqa. Mais au-delà des considérations politiques, certains ont bien compris le marché potentiel que représentent les 6 millions de musulmans présents France. La vente de produits hallal en France s’élevait tout de même à 4 milliards de dollars en 2009. Les experts du marketing s’emploient désormais à conquérir une nouvelle cible, celle des « beurgeois », ces jeunes actifs musulmans qui veulent consommer de la nourriture occidentale hallal et non plus seulement les produits « exotiques » et « ethniques » auparavant proposés. Les chaines de supermarchés commencent à créer leur propre marque de produits hallal, et même les marques de grande distribution élaborent leur ligne dédiée. « Hal’shop », un supermarché qui ne vend que des produits préparés selon les règles alimentaires de l’Islam vient d’ailleurs d’ouvrir en banlieue parisienne. Le New York Times insiste sur l’affrontement persistant entre ceux qui y voient un « signe de tolérance et de modernité » et ceux qui l’interprètent comme une menace à la laïcité., voire de sectarisme ou de discrimination contre les non-musulmans dans le cas du Quick hallal. Pour le Wall Street Journal, ce qui est sûr c’est que ce phénomène crée un nécessaire « débat sur l’influence islamique dans la société française».
Enfin, les quotidiens américains n’ont pas oublié le cinéaste français Claude Chabrol, décédé dimanche à l’âge de 80 ans. Ils sont notamment revenus sur les cinquante années d’une carrière prolifique comptant plus de 70 films et téléfilms. Fondateur de la « Nouvelle Vague » avec Godard, Rohmer et Truffaut, son premier film, “Le Beau Serge” (1958) est aujourd’hui considéré comme le 1er long métrage du mouvement. Ses films ont très souvent laissés paraître une critique de la bourgeoisie, et notamment, comme le souligne le New York Times, de la « morale hypocrite » de la classe moyenne. Evoquée par le Wall Street Journal, sa satire amère de la nature humaine, toujours teintée d’humour noir, fait partie de son style unique qui a participé à son succès. Comme le rappelle le Washington Post, Chabrol fut d’abord critique aux Cahiers du Cinéma dans les années 50, et il est l’un des premiers à avoir considéré Alfred Hitchcock à sa juste valeur. Il s’inspirera d’ailleurs ensuite de ce dernier dans ses nombreux thrillers. Très critique vis-à-vis de son travail, cela ne lui a pas empêché de recevoir le Prix du film européen pour l’ensemble de son œuvre en 2004.