Quand Caroline de Ville a débarqué aux Etats-Unis, à Houston, au mois d’octobre 2014, pour sa première expatriation, elle reconnaît que « ça a été un peu le choc ! »
Alors enceinte de son deuxième enfant, cette femme médecin belge travaillant dans une maison médicale prés de Bruxelles jusqu’à son départ pour les Etats-Unis, mais aussi dans un planning familial et l’équivalent belge francophone des services de Protection maternelle et infantile français, a tout de suite été confrontée à système médical aux antipodes des structures de santé publique dans lesquelles elle avait travaillé jusque là. Même si « on en entend beaucoup parler, avant même le départ » et qu’« on s’était préparés », « j’ai été effarée par le coût total de mon accouchement » (y compris la part prise en charge par l’assurance), confie Caroline de Ville.
Par ailleurs, professionnellement, « les Etats-Unis étaient sur la liste noire des pays dans lesquels je ne voulais pas m’expatrier, car je savais que mes diplômes ne seraient pas reconnus et l’équivalence très difficile à obtenir », témoigne la doctoresse. Mais Caroline de Ville et son conjoint souhaitaient vivement avoir une expérience à l’étranger, et la seule proposition de travail sérieuse qu’on a faite à son mari travaillant dans la chimie était pour Houston. Et comme, à l’époque, déjà maman d’une petite fille de deux ans et enceinte du deuxième, tout en travaillant à temps plus que complet sur trois lieux, elle avait été arrêtée par son obstétricien, elle s’est dit que ce départ pour les Etats-Unis pourrait être l’occasion d’une pause bienvenue. « Je me suis aussi dit qu’au cours des cinq mois de grossesse qu’il me restait, je trouverais bien quelque chose », se souvient Caroline de Ville.
Au fil de rencontres dans le cadre de Houston Accueil et dans son nouveau quartier, le médecin belge a eu l’idée de se reconvertir en consultante en allaitement. « C’est une voisine qui m’a parlé du diplôme validé par l’International Board of Lactation Consultants Examiners. Je me suis renseignée, et j’ai vu que je devrais m’inscrire une dizaine de jours après la date prévue pour mon accouchement, ce qui m’a permis de retirer plein d’informations utiles à l’allaitement de mon bébé. Ma première expérience d’allaitement, en Belgique, s’étant très mal passée du fait du manque de soutien à l’allaitement. »
Et là, nouveau choc culturel : « J’ai été impressionnée qu’on puisse tirer son lait dans les grands magasins, qu’il y ait des cours de préparation à l’allaitement et même des congrès de consultantes en allaitement. Même si mes consœurs américaines trouvent que l’allaitement doit encore être mieux reconnu, et qu’il est vrai qu’on doive souvent faire preuve de plus de discrétion pour allaiter qu’en Europe, la place réservée ici à l’allaitement est sans commune mesure avec le peu d’importance qu’on y accorde de l’autre côté de l’Atlantique, en Belgique en tout cas. »
Caroline de Ville n’a pas tout a fait eu de révélation, même si, a posteriori, elle s’est « rendu compte qu’elle avait dit des bêtises à certaines de ses anciennes patientes » en Belgique. Mais elle a trouvé sa nouvelle vocation. Et depuis qu’elle a officiellement lancé son activité à l’automne dernier, elle a déjà accompagné quatre jeunes mamans, deux francophones et deux anglophones.
Entre temps, la créatrice d’entreprise a aussi réalisé l’investissement que demandait une activité indépendante. « Je ne me rendais pas compte de l’énergie que ça prendrait » de mettre en place son offre tout en se faisant connaître par tous les moyens (réseautage tous azimuts, site web, réseaux sociaux, démarchage de professionnels de la médecine, participation aux rencontres des professionnels de l’allaitement…). Résultat : « parfois, je me sens plus entrepreneuse que consultante en allaitement ».
La consultante n’a néanmoins pas hésité à accepter de témoigner de son expérience dans le cadre du prochain Atelier Expat Pro « Réalisez votre projet de small business » organisé en anglais par Houston Expat Pro, ce vendredi 29 janvier dans les locaux de la Chambre de commerce Franco-Américaine de Houston. Tout en continuant de redoubler d’efforts pour développer son activité en lançant, la semaine dernière, les consultations par Skype. Car ça y est, un an et demi à peine après le départ, « mon travail à plein temps me manque ».
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Bravo Caroline pour ton dynamisme et ton professionnalisme, excellente initiative qui à coup sûr séduira les jeunes mamans.